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C'est la rentrée

Geneva
Victoria Hall
09/23/2010 -  et 24 septembre 2010
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 5 “L’Empereur”, opus 73
Dimitri Chostakovitch: Symphonie n° 15, opus 141

Radu Lupu (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Marek Janowski (direction)




Si l’orchestre de la Suisse Romande a déjà effectué sa rentrée à l’Opéra pour un Barbier de Séville
pétillant, ce concert marque la rentrée effective de la saison symphonique de l’OSR. A cette occasion, la succession de Marek Janowski qui avait fait tant couler d’encre (lire ici), semble être très bientôt réglée. L’OSR a effectivement annoncé que le chef japonais Kazuki Yamada à qui le poste avait été offert a estimé être trop jeune et n’a pas donné suite à une telle tâche mais a accepté le poste de principal chef invité. C’est par contre rien moins que Neeme Järvi avec qui l’orchestre entretient des relations depuis 1990 qui devrait prendre la relève de Janowski à compter de la saison 2012-2013. Le chef estonien avait donné une très intense et flamboyante lecture de la Dixième Symphonie de Chostakovitch en décembre dernier, qui montrait que le courant passait bien avec les musiciens. Comme Janowski, Järvi a un répertoire très vaste qui, tout en incluant les grands classiques, n’hésite pas sortir des sentiers battus pour jouer des œuvres méconnues, ce qui colle finalement bien avec la tradition d’explorateur musical établie par Ernest Ansermet. Cette décision devrait être confirmée le 8 octobre après consultation des musiciens mais elle paraît d’ores et déjà d’une grande logique et montre bien le niveau élevé de la vie musicale romande.


C’est le même Chostakovitch qui figurait à ce concert. Son ultime symphonie est une œuvre difficile d’accès dont le final désolé retrouve l’esprit de la fameuse Quatrième Symphonie qui lui avait valu les foudres de Staline. Cet Adagio reprend le thème et le motif rythmique de l’Allegretto initial mais il y a quelque chose qui entre temps s’est cassé, une vie d’épreuves qu’exprime un deuxième mouvement déroutant et tragique avec des harmonies si modernes et des ensembles instrumentaux peu courants. L’orchestre répond avec autorité aux exigences de cette œuvre. Les solistes sont très exposés et s’illustrent avec brio, notamment Sergey Ostrovsky au violon ou Sarah Rumer à la flûte. Cette symphonie est peu jouée et de mémoire, Janowski l’avait programmée lors de sa dernière saison parisienne. Fidèle à ses conceptions, il reste en peu en deçà de la tension que demande l’œuvre mais clarifie les plans sonores et apporte beaucoup de soin à la lisibilité de l’orchestre.


En première partie, il retrouvait Radu Lupu avec qui il a souvent joué Beethoven. Le pianiste roumain n’a peut-être plus tous les moyens techniques et la vigueur pour rendre justice à l’aspect impérial de ce concerto. Certains traits manquent de clarté et les décalages qu’il pratique entre les deux mains font partie d’un autre siècle mais la ligne musicale est pleine d’imagination, le toucher est schubertien et il sait trouver dans les parties de sa main gauche des trésors d’ingéniosité. Janowski accompagne avec respect son soliste, attentif à ses rubatos et calquant les pizzicatos des cordes sur les basses du piano. Malgré les légers maniérismes dont fait preuve Lupu, voici un Beethoven plein de personnalité qui n’a rien à voir avec les lectures bien lisses et bien sages que font tant de pianistes modernes de notre époque.


La saison de l’OSR devrait cette année encore faire preuve d’un solide mélange d’originalité de classicisme. Heinz Holliger consacrera un cycle à Mozart tandis que Charles Dutoit viendra y diriger Œdipus Rex (dont les fanfares servent à convier le public dans la salle). Janowski de son côté dirigera entre autres les Deuxiéme et Troisième Symphonies de Mahler dont à ma connaissance il n’est pas un habitué. Dutilleux, Sibelius, Martinů côtoieront Beethoven, Strauss et autres Schumann. Autant de raisons de se rendre encore cette année au Victoria Hall.


Le site de l’Orchestre de la Suisse Romande



Antoine Leboyer

 

 

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