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Les mardis des Champs-Elysées

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/21/2010 -  
Maurice Ravel : La Valse
Camille Saint-Saëns : Le Carnaval des animaux – Concerto pour violoncelle n° 1, opus 33 – Symphonie n° 2, opus 55
Arthur Honegger : Pastorale d’été, H. 31

Catherine Frot (récitante), Henri Demarquette (violoncelle), Boris Berezovsky, Brigitte Engerer (piano)
Ensemble orchestral de Paris, Joseph Swensen (direction)


Après le Philharmonique de Radio France, l’Orchestre de Paris (voir ici) et le National (voir ici), c’est aussi la rentrée pour l’Ensemble orchestral de Paris. Sur la lancée de la saison précédente, la première avec son nouveau «chef principal invité et conseiller artistique», Joseph Swensen, il poursuit la collaboration avec son ancien directeur musical, John Nelson, le partenariat avec le chœur de chambre accentus de Laurence Equilbey, la résidence de Nicolas Bacri et la recherche de programmes originaux présentés par des artistes stimulants (Jonathan Biss, Isabelle Faust, Reinhard Goebel, Patricia Kopatchinskaja, Stephen Kovacevich, Louis Langrée, Roger Norrington, Thomas Zehetmair, ...).


Bref, on ne va pas s’ennuyer le mardi soir au Théâtre des Champs-Elysées, moment et lieu privilégiés de l’EOP, à l’image de ce concert inaugural dédié à la musique française et sous-titré «Complicités», qui, dans une salle bien remplie, débute assez logiquement par une invitation à entrer dans la danse mais paradoxalement par une pièce... pour deux pianos. Dans la version «originale» de La Valse (1920), à partir de laquelle Ravel réalisa dans la foulée son orchestration, Brigitte Engerer et Boris Berezovsky, le nez dans la partition, ne forcent pas leur talent et laissent passer trop de scories. «Pianistes» ratant cette fois-ci fort joliment leurs gammes, ils sont entourés par les solistes de l’EOP pour un Carnaval des animaux (1886) de Saint-Saëns en formation de chambre (onze musiciens), parmi lesquels se distinguent plus particulièrement le placide «Eléphant» du contrebassiste Eckhard Rudolph ainsi que les désopilants «Personnages à longues oreilles» des violonistes Deborah Nemtanu et Michel Guyot, sans compter un renfort de choix en la personne d’Henri Demarquette, qui offre un «Cygne» de belle tenue. Avec son ton coutumier, à la fois ingénu et narquois, Catherine Frot lit les célèbres textes de présentation de Francis Blanche, qui précèdent chacun des quinze morceaux et dont les calembours sont visiblement toujours du goût des spectateurs.


Dans une configuration plus traditionnelle, la seconde partie prend la forme d’un mini-concert symphonique se déroulant selon les trois temps rituels: en guise d’ouverture, c’est la brève Pastorale d’été (1920) du trop rare Honegger, où l’on peut apprécier que la gestuelle ample et remuante de Joseph Swensen, pour être peu orthodoxe et assez pénible à regarder, n’en est pas moins efficace et sait mobiliser un orchestre particulièrement attentif. Les musiciens s’investissent tout autant en accompagnant ensuite Demarquette dans le Premier Concerto (1872) de Saint-Saëns, qui figure, comme Le Carnaval des animaux, sur un disque qui vient de paraître chez Mirare: égal à lui-même, le soliste parvient à conjuguer élan, engagement, élégance et finesse et remercie le public en jouant avec humour et précision une très courte «Marche», dixième des douze pièces du recueil pour piano Musiques d’enfants (1935) arrangée par Piatigorski.


Parmi les Symphonies de Saint-Saëns, la Troisième (avec orgue) a bien évidemment éclipsé toutes les autres, mais si chacun se doute, comme M. de la Palice n’aurait pas manqué de le remarquer, qu’elle a été précédée d’une Première et d’une Deuxième, il faut également en compter deux non numérotées, une de jeunesse (en la) et une sous-titrée Urbs Roma, et ce à une époque où le genre n’était guère prisé, du moins en France. Evoluant de la mineur à la majeur comme le Premier Concerto, la Deuxième Symphonie (1859) est dédiée à Jules Pasdeloup. Comme dans la Symphonie en ut de Bizet ou les deux Symphonies de Gounod, antérieures de quatre ans, la référence aux modèles anciens est revendiquée tant dans la forme en quatre mouvements que dans l’effectif instrumental, qui s’ouvre toutefois ici au cor anglais (confié au second hautbois) et au piccolo (venant ponctuellement s’ajouter aux deux flûtes). Le langage évoque Mendelssohn – l’œuvre fut d’ailleurs créée à Leipzig – mais malgré un solide métier mâtiné d’un romantisme généreux, le compositeur, alors âgé de vingt-quatre ans, ne semble pas avoir encore atteint le niveau de l’interprète, reconnu dès son plus jeune âge comme l’un des grands virtuoses de son époque. L’enthousiasme, parfois trop appuyé, du chef américain ne peut donc dissimuler que le génie, voire l’inspiration, ne sont pas toujours au rendez-vous. Le deuxième mouvement annonce toutefois déjà la délicate instrumentation de l’Allegretto con moto central du Premier Concerto pour violoncelle, tandis que le Finale, emmené par un thème plus haydnien que nature, apparaît sans doute comme le moment le plus réussi.


Le site de l’Ensemble orchestral de Paris



Simon Corley

 

 

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