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De Haydn à Schumann

Eisenstadt
Empiresaal
09/11/2010 -  
Joseph Haydn : Quatuors op. 20 n°2 en ut majeur et op. 76 n°1 en sol majeur
Robert Schumann : Quatuor op. 41 n°3 en la majeur

casalQuartett: Daria Zappa, Rachel Späth (violons), Markus Fleck (alto), Andreas Fleck (violoncelle)


casalQuartett (© Grunau Musik Management)


Les Berg à Cologne, Walter Levin à Prague : le casalQuartett – à ne pas confondre avec le Quatuor Casals – a eu les meilleurs maîtres. Appelés à remplacer leurs collègues finnois du Quatuor Meta4, lauréat du Concours international de musique de chambre Joseph Haydn, les quatre musiciens suisses ont montré qu’il fallait compter avec eux. Avant même d’être appelés à la rescousse, ils étaient d’ailleurs engagés pour 2012.


Le deuxième des six Quatuors op. 20 de Haydn – le quatrième pour l’ordre de composition – témoigne d’abord d’une belle maîtrise de la forme et de la sonorité dans son Moderato, où la recherche de l’intensité et la mise en valeur des oppositions ne déstructurent jamais le discours. Le Capriccio, Adagio, véritable scène d’opéra instrumentale, est la fois tendu et limpide, avec autant d’âpreté dans le récitatif que de lyrisme dans l’air. Pas trop de concession à l’esprit populaire dans le Menuet : les Casal préfèrent en souligner les audaces rythmiques et harmoniques. Rien de scolastique non plus du côté de la fugue finale, aussi libre que rigoureuse, dont ils laissent pétiller l’humour dansant.


Cette approche exigeante, qui répugne au « joli », ne messied pas au Troisième Quatuor de Schumann – dont la célébration des anniversaires, thème de l’année 2010, appelait la présence. Si Schumann reste éminemment romantique dans son opus 41, il s’inscrit dans la grande tradition, souhaitant composer des « quatuors aussi bons que ceux de Haydn » : c’est plutôt ce dernier aspect que privilégient les Casal. Ils trouvent, là encore, l’équilibre entre tensions et effusions, construisant leur interprétation dans une parfaite clarté des lignes : ils gardent la main à travers les variations de l’Assai agitato, ne s’alanguissent pas dans l’Adagio – qu’on aimerait cependant un rien plus rêveur –, préservent la franchise des accents du Finale, où les rythmes de danse pourraient rappeler Haydn.


Dans le premier des six Quatuors op. 76, les interprètes se surpassent. Sans perdre en souplesse, l’Allegro con spirito déborde d’énergie dans sa lecture très dramatisée, anticipant sur Beethoven, en particulier quand vient le développement. A la fois dense et clair, l’Adagio fait remarquablement dialoguer les instruments. Ils poussent ensuite à l’extrême – pour un peu on penserait à Bartók ! – la franchise des accents du Presto, pour le coup scherzo beethovenien avant l’heure. Le finale, non moins prophétique – on pense cette fois au dernier Schubert… et à Johann Strauss dans le passage en pizzicato – n’est pas moins ductile que puissant, tendu comme un arc, presque rageur dans son déchaînement de triolets.


En bis, le mouvement lent de « l’Empereur », le troisième des Quatuors opus 76, dont le thème est l’hymne impérial autrichien écrit par Haydn. Retour aux sources : il fut créé dans cette même salle de l’Empire du château d’Eisenstadt, en septembre 1797.


On ne manquera pas d’écouter le premier CD que les Casal ont consacré, chez Solo Musica, à la naissance du quatuor, avec Scarlatti, Sammartini, Mozart, Boccherini, et Haydn. Le deuxième, où se côtoient Guillemain, Telemann, Mozart et Haydn, doit paraître en novembre. L’ensemble de la série a été distingué par l’Echo-Klassik-Preis 2010 dans la catégorie Musique de chambre.



Didier van Moere

 

 

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