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Trois (petits) tours et puis s’en va

Paris
Salle Pleyel
09/18/2010 -  
Franz Schubert: Wanderer-Fantasie, D. 760
Serge Rachmaninov: Moments musicaux, opus 16 n° 2, n° 4, n° 5 et n° 6
Nikolaï Medtner: Sonate en mineur, opus 25 n° 2

Boris Berezovsky (piano)


B. Berezovsky (© David Crookes/Warner)


Est-il pertinent d’organiser des récitals de piano à Pleyel? Car outre une acoustique certes incontestablement meilleure depuis la réouverture en 2006 mais pas encore idéale, il faut assurer la billetterie sur un seul nom, ce que peu sont capables de réussir: gageons en tout cas qu’Evgueni Kissin (5 décembre), Maurizio Pollini (7 décembre), Murray Perahia (14 mars), Lang Lang (21 mars), Nelson Freire (11 avril) et Radu Lupu (11 mai) ont plus de chance d’y parvenir que Yundi Li (9 novembre), Yuja Wang (14 décembre), Ivan Moravec (27 janvier), Jorge Luis Prats (1er février), Stephen Kovacevich (3 mars) et Rafal Blechacz (7 juin). C’est, pour l’essentiel (hormis Pollini), André Furno qui en fait chaque année le pari dans sa série «Piano ****»; les productions Sarfati l’ont également tenté avec Boris Berezovsky et le verdict se révèle plutôt encourageant: pour un samedi soir, la salle est d’autant plus décemment remplie que le programme était relativement peu vendeur.


Programme substantiellement modifié, au demeurant: le public n’entendra ni les Variations Chopin de Rachmaninov, ni la Sonate de Tchaïkovski qui étaient annoncées en première partie. En lieu et place, pour commencer, l’ogre du clavier ne fait qu’une bouchée de la Wanderer-Fantasie (1822) de Schubert, pourtant réputée en son temps comme une des œuvres les plus difficiles à exécuter, au point de fasciner Liszt qui en réalisa une version avec orchestre: le tempo et la puissance de la fugue finale laissent admiratif, tant les accrocs sont peu nombreux au regard des risques encourus. Et si l’Allegro con fuoco initial revendique un esprit badin, ludique et brillant, l’Adagio ne manque nullement de densité expressive, laissant en même temps admirer tantôt de profondes sonorités, tantôt d’impalpables textures. Dans ses Moments musicaux (1896), Rachmaninov évoque Schubert bien plus par le titre qu’il lui a emprunté que par le propos, qui annonce déjà celui des Préludes ou des Etudes-Tableaux. Il y avait largement le temps d’interpréter les six pièces de cet Opus 16, mais Berezovsky a préféré en sélectionner quatre, les trois plus rapides, torrentielles et orchestrales, et la Cinquième, un Adagio sostenuto auquel il confère un confortable moelleux.


Après l’entracte, Berezovsky se montre plus audacieux: en s’intéressant à Nikolaï Medtner (1879-1951), il s’aventure sur des terres quasi entièrement devenues l’apanage de pianistes spécialisés dans les répertoires passés de mode et techniquement exigeants, tels Hamelin, Madge et Tozer, qui contribuent, du moins au disque, à ce que ces compositeurs virtuoses ne soient pas entièrement oubliés. Medtner se caractérise par un langage assez proche de celui son de son compatriote et contemporain Rachmaninov, virtuose et exilé comme lui, mais harmoniquement un peu plus aventureux. L’Opus 25 (1911) regroupe deux de ses douze sonates pour piano: la seconde, en mi mineur, porte en épigraphe un poème de Fédor Tioutchev (1803-1873), Le Vent nocturne et présente d’un seul tenant une demi-heure d’un flux presque ininterrompu, alternant exaltation et mélancolie. La profusion de l’écriture, qui évoque d’une certaine manière Reger ou Enesco, semble maintes fois appeler l’orchestre mais ne déstabilise jamais Berezovsky.


Après cette épreuve stoïquement endurée, les spectateurs attendaient sans doute des consolations, d’autant qu’ils n’étaient pas tout à fait rassasiés après cette heure de musique. D’ordinaire pourtant beaucoup plus généreux, Berezovsky fait comprendre qu’il n’offrira aucun bis et les lumières se rallument donc à la stupéfaction générale. Mais ses admirateurs pourront le retrouver dès le 21 septembre avec Brigitte Engerer et l’Ensemble orchestral de Paris, puis le 4 décembre avec Vadim Repin et, enfin, les 23 et 24 janvier avec Josep Pons et l’Orchestre de Paris



Simon Corley

 

 

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