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Tubes sous les platanes et savoir-vivre au concert Salon-de-Provence
La Fare-les-Oliviers (Jardin de la Maison Saint-Jean)
08/18/2010 -
Airs et duos d'opéra extraits de:
Charles Gounod: Mireille
Jules Massenet: Manon
Jacques Offenbach: Les Contes d'Hoffmann
Giacomo Puccini: La bohème, La rondine, Gianni Schicchi, Turandot, Tosca, Manon Lescaut
Giuseppe Verdi: Rigoletto, La traviata
Franz Lehar: Die lustige Witve
Alfredo Catalani: La Wally
Anne Alexander (soprano), Gérard Tussau (ténor), Liliane Oganessov (piano) 
A. Alexander, L. Oganessov, G. Tussau (© Sophie Bolinches)
Construite à la fin du XIXe siècle par un riche propriétaire, cette élégante bastide est aujourd'hui un lieu de vie pour personnes âgées. Restaurée en 1994, la demeure s'ouvre sur un magnifique jardin ombragé de platanes centenaires. C'est la terrasse principale, flanquée d'imposantes colonnes doriques, qui tient lieu de scène aux différentes manifestations musicales qui se tiennent dans cet établissement. Grâce à la politique culturelle dynamique de son directeur Jacky Sarrazin, les meilleures chorales de la région se sont succédées sur cette scène, ainsi que de petites formations instrumentales. Jacky Sarrazin le dit volontiers: «Je veux tirer les divertissements proposés à nos résidents vers le haut.» Et ce fut le cas hier.
Les trois artistes conviés à ce récital n'offraient que des airs très connus, des «tubes», dirait-on aujourd'hui, dont on ne pourra rendre compte de façon exhaustive, tant le programme était long. Anne Alexander possède un très joli soprano lyrique et interprète avec talent et sensibilité le «O mio babbino caro» extrait de Gianni Schicchi; dans le «Ne andro lontana» de La Wally, elle est touchante et se tire fort bien des quelques pièges que recèle la difficile aria du Cours-la-Reine (Manon de Massenet).
Gérard Tussau est tout à fait à la hauteur dans «Ange du paradis» extrait de Mireille, mais c'est dans le répertoire italien qu'il semble, curieusement, plus à l'aise, en dépit d'une excellente diction du français. La voix n'est pas immense, mais délicate, bien nuancée et le timbre fort agréable. Il sera ovationné dans «La donna è mobile» et tout particulièrement dans l'incontournable «E lucevan le stelle» de Tosca.
Les duos n'en sont pas moins remarquablement interprétés: «Parigi, o cara», ainsi que le Brindisi tous deux extraits de La traviata et avec lequel les chanteurs terminent le programme sous un tonnerre d'applaudissements. En bis ils offriront l'Ave Maria de Gounod (en duo...) pour le plus grand bonheur du public.
La pianiste Liliane Oganessov apporte un soutien efficace et plein de charme aux deux chanteurs et, elle aussi, est justement ovationnée.
Il était fort réjouissant d'observer ce public éduqué qui a dû ronger son frein pour ne pas chanter en même temps que les artistes tant il connaissait ces pages par cœur. D'ailleurs, on ne signalera aucun applaudissement hâtif, intempestif, ou mal placé, attendant toujours que la dernière note ait fini de résonner pour manifester sa joie. Et aucun téléphone portable n'a sonné. Une véritable leçon de savoir-vivre au concert.
Christian Dalzon
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