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Méditatif et funèbre

Montpellier
Corum (Opéra Berlioz)
07/28/2010 -  
Richard Strauss : Metamorphosen
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 14, opus 135

Olga Mykytenko (soprano), Anatoli Kotscherga (basse)
Orchestre philharmonique de Radio France, Kirill Petrenko (direction)


K. Petrenko (© D. R.)


Quelques minutes après la fin de son récital salle Pasteur, Plamena Mangova a rejoint les premiers rangs de l’Opéra Berlioz pour écouter le programme donné par l’Orchestre philharmonique de Radio France: de caractère méditatif et funèbre, il rapproche en outre deux compositeurs que tout semble pourtant éloigner. A la baguette, Kirill Petrenko (né en 1972): en poste à Meiningen puis à la Komische Oper de Berlin, le chef russe mène désormais une carrière de chef invité qui lui a déjà ouvert les portes des plus grandes maisons d’opéra et qui le mènera jusqu’à Bayreuth, où il dirigera le Ring du bicentenaire de la naissance de Wagner (2013). Dans les Métamorphoses (1945) de Strauss, le début semble un peu éteint, mais en fait, avec tout l’art d’un chef d’opéra, il mène les progressions de façon magistrale tout au long de cette demi-heure de musique d’un seul tenant. Contribuant à alléger le propos, le tempo ne s’enlise pas dans le cérémonial et la neurasthénie, mais contribue à une lecture plus nostalgique que mortifère.


La Quatorzième symphonie (1969) de Chostakovitch est également une partition crépusculaire d’un artiste résigné, que la maladie et l’agnosticisme rendent en outre caustique et grinçant: après la déploration straussienne sur les ruines de l’Europe nazie, se référant à la Marche funèbre de la Symphonie «Héroïque» de Beethoven, voici les textes d’Apollinaire de García Lorca renvoyant à la Première Guerre mondiale et à la guerre d’Espagne. Comme ceux de Küchelbecker et Rilke, ils sont chantés en russe, tandis que le programme de salle les reproduit exclusivement en français. La question semble émouvoir un spectateur, qui, sitôt les derniers rappels achevés, clame au public sa déception de ne pas avoir pu profiter pleinement des poèmes. Dans le brouhaha de la salle qui se vide, sa revendication est cependant confuse: regrettait-il simplement de ne pas voir pu disposer des paroles en russe ou bien aurait-il préféré entendre chacun des auteurs chanté dans sa langue originale (espagnol, français, russe et allemand), version qui confère à l’œuvre une portée encore plus universelle et qui a notamment été enregistrée par Julia Varady et Dietrich Fischer-Dieskau (Decca)?


L’interprétation n’en reçoit pas moins un accueil aussi enthousiaste que justifié: au côté des excellentes cordes et percussions du Philhar’, sous la direction nerveuse et précise de Petrenko, les solistes, tous deux Ukrainiens, recourent à la dramatisation à laquelle les Métamorphoses s’étaient refusées. L’expression se fait donc volontiers théâtrale et extravertie, non seulement dans leurs duos («Lorelei», «Les Attentives II») mais aussi dans leur solos. C’est plus particulièrement le cas, gestes à l’appui, d’Anatoli Kotscherga («Réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople»), à l’intonation d’abord un peu incertaine, mais qui affirme ensuite son inébranlable puissance. Moins connue que son partenaire, Olga Mykytenko (née en 1974) se place cependant sans peine à sa hauteur, convaincant par sa justesse irréprochable, par son timbre varié et agréable mais aussi par sa capacité à créer des climats plus intimistes («Le Suicidé»).



Simon Corley

 

 

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