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Rachmaninov respecté et honoré

La Roque
Parc du château de Florans
07/24/2010 -  
Serguei Rachmaninov : Concertos pour piano n° 2 en ut mineur, opus 18, et n° 3 en ré mineur, opus 30

Boris Berezovsky (piano)
Orchestre Philharmonique de l’Oural, Dmitri Liss (direction musicale)


B. Berezovsky (© Xavier Antoinet)


Le deuxième concert symphonique de ce trentième Festival de la Roque d’Anthéron nous permet de retrouver l’Orchestre Philharmonique de l’Oural, toujours dirigé par son chef titulaire Dmitri Liss, avec cette fois-ci Boris Berezovsky dans deux concertos de Rachmaninov. Malgré le mistral plutôt intense qui fait bruisser les platanes et masque sans doute certains détails sonores, il est aisé de remarquer que l’orchestre fournit une bien meilleure prestation que la veille dans Brahms, évitant tous les défauts d’intonation qui avaient limité notre plaisir, surtout dans la seconde partie. De même Boris Berezovsky, dont de précédentes apparitions ou gravures nous avaient souvent laissé l’impression d’entendre un pur virtuose n’ayant guère d’autre but que de jouer les notes, comme un travail un peu harassant dont on se débarrasse, nous comble ici par un investissement authentique. Toutes les notes sont là, avec des nuances expressives judicieuses, et du panache dans la virtuosité. Sa puissance sonore s’avère impressionnante: l’on pourrait souhaiter parfois un toucher plus raffiné, moins prosaïque, mais il est clair que ce pianiste songe à jouer non pas comme dans l’intimité du studio, mais aussi pour être entendu jusqu’au dernier rang, ce qui est en soi louable. La complicité avec la direction attentive de Dmitri Liss assure la continuité d’un flux musical qui nous emporte, avec ses moments d’excitation et d’autres d’extase rêveuse, où les vents solistes font preuve d’une belle délicatesse, même si le cor semble parfois un brin instable.


Le mistral un temps apaisé permet d’apprécier encore mieux l’exactitude de l’interprétation de l’Allegro ma non troppo initial fort complexe, original et subtil du Troisième Concerto, avec sa manière d’avancer comme en musardant et ses interventions sourdes des vents et des violoncelles, aux couleurs cauchemardesques tout juste suggérées, comme l’affleurement de hantises et d’angoisses mal conjurées. Dans la cadence proprement orgiaque, comme dans le final, Berezovsky déploie une virtuosité impressionnante, et redonne d’ailleurs en bis la coda de ce final pour calmer l’enthousiasme du public.


Il faut se souvenir combien de fois nous avons dû supporter des concertos de Rachmaninov mal joués, secs, raides et glaciaux, ou au contraire sirupeux et mièvres à donner la nausée, pour mesurer la justesse de ton dont font preuve Boris Berezovsky, Dmitri Liss et l’Orchestre Philharmonique de l’Oural, qui ont réussi là un concert tout entier d’une excellente tenue.



Philippe van den Bosch

 

 

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