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Polyvalence

Paris
Hôtel de Soubise
07/16/2010 -  
Ludwig van Beethoven : Sonate pour violoncelle et piano n° 2, opus 5 n° 2
Johann Sebastian Bach : Suite pour violoncelle n° 4, BWV 1010
Bruno Mantovani : Suonare
Serge Prokofiev : Sonate pour violoncelle et piano, opus 119

Victor Julien-Laferrière (violoncelle), Claire Désert (piano)


C. Désert


«Jeunes talents» a reconduit cet été la formule du «concert de maître», inaugurée en 2009 avec Brigitte Engerer et Varduhi Yeritsyan, qui avaient même eu le privilège d’ouvrir le précédent festival. Le principe en est simple: alors que les musiciens programmés à l’hôtel de Soubise ont en principe moins de 26 ans, un aîné se produit avec l’un de ses élèves, forme de parrainage qui lui permet de bénéficier de la renommée et de l’expérience de son maître. Claire Désert présente ainsi Victor Julien-Laferrière (né en 1990), formé par Philippe Muller et Roland Pidoux à Paris, puis Jens Peter Maintz à Berlin et Heinrich Schiff à Vienne, déjà régulièrement invité au festival de Deauville, membre de l’ensemble Les Dissonances de David Grimal et fort d’un deuxième prix au concours de Markneukirchen (2009).


Le violoncelliste confirme tous les promesses de cette riche biographie dans une Deuxième sonate (1796) de Beethoven d’une parfaite tenue technique et interprétative: finesse du trait, pureté de la sonorité, archet sans complaisance, n’abusant pas du vibrato et dialoguant à parité avec un piano plus mordant et contrasté, bien davantage partenaire que simple accompagnateur. Tous deux interrogent la partition en profondeur, respectant toutes les reprises et dramatisant le propos du long Adagio sostenuto ed espressivo initial. Alors que les mouettes font leur réapparition au-dessus de la cour de Guise, Victor Julien-Laferrière enchaîne presque sans interruption avec la vaste Quatrième suite de Bach: nul doute que le temps apportera liberté, saveur et personnalité à une vision manquant moins de verve (Courante, Gigue, Bourrées) que d’ampleur, de chair et de souffle (Prélude, Allemande, Sarabande).


Après l’entracte, Claire Désert rend hommage au compositeur invité de cette dixième édition du festival, en reprenant Suonare (2006), commande de «Piano aux Jacobins» créée par Nicholas Angelich. Jouant sur les sens du titre italien, l’auteur voit dans ces 17 minutes d’un seul tenant «une "sonate" qui se cache derrière une exploration souvent contemplative du piano, et notamment de ses résonances». De fait, l’œuvre s’ouvre et se referme dans un climat contemplatif, mais passe par des épisodes chatoyants et brillants dans lesquels l’écriture par blocs, évoquant à maintes reprises l’orchestre, semble vouloir sculpter le silence, à partir de figures répétitives dans le suraigu, s’opposant aux fanfares, trilles et accords répétés du médium, et rehaussée de violentes ponctuations dans le registre grave.


Mstislav Rostropovitch n’était guère plus âgé que Victor Julien-Laferrière lorsque Prokofiev lui destina sa Sonate (1949). Après Bach et Beethoven, le jeune Français montre à nouveau sa capacité à s’adapter à différents styles et, contrairement à tant d’autres, à ne pas aborder tous les répertoires de la même manière: une polyvalence qui le rend ici plus expansif et plus vigoureux, notamment dans le Moderato central, tout en conservant la tête froide et en évitant les dérapages sentimentaux. La nuit tombe sur le Marais: pas de bis, par conséquent, mais il ne s’imposait nullement à l’issue de ce long concert.



Simon Corley

 

 

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