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On coupe la poire en trois ?

Paris
Cité de la Musique
11/27/1997 -  
Georg-Friedrich Haendel : Salomon
Andreas Scholl (Salomon), Alison Hagley (Reine - Première Prostituée), Susan Bickley (Reine de Saba - Seconde Prostituée), Charles Daniels (Zadok), Peter Harvey (Lévite)
The Gabrieli Consort and Players, Paul Mac Creesh (direction)

Drôle d'oratorio que Salomon. Si le deuxième acte, narrant la célèbre scène du jugement, transporte toujours l'auditeur par sa puissance dramatique et l'infinie variété de l'inspiration mélodique, il faut au chef une vision d'ensemble clairement définie pour unir les pages si dissemblables de ce triptyque qui, passant de l'élégie au théâtre, s'achève en affirmant le triomphe sans partage de la musique.

De Haendel, Paul Mac Creesh a saisi la vitalité. Sans se départir d'une discipline très british, il sait varier le tempo et construire une progression dynamique éloquente. Pourquoi alors s'être tiré une balle dans le pied en choisissant un effectif orchestral si déséquilibré ? Certes, les vents doivent souligner une clarté des timbres particulière à l'oeuvre, mais pas au point d'écraser les quatre malheureuses basses qui n'ont plus alors le loisir d'exprimer quoi que ce soit. Comme l'articulation des cordes reste de surcroît dans le flou complet (Rachel Podger, le premier violon, semble ce soir incapable d'aiguillonner ses troupes), il en ressort une lecture aux couleurs plaisantes, aux courbes moelleuses, mais privée d'arêtes, de sang, de majesté.

Si Harvey et même Daniels évoquent plutôt des choristes surdistribués, si Bickley ne se montre pas sous son meilleur jour en dépit d'un joli timbre clair (le souffle et l'expression sont courts, la vocalise chahutée), Alison Hagley et Andreas Scholl retiennent heureusement l'attention. La soprano commence mal dans cette tessiture assez basse, avec une reine sans projection et sans aura, mais se rattrape superbement dans son rôle de mère, délivrant un "Can I see my infant" d'une émotion, d'une qualité de diction et de phrasé admirables. Le contre-ténor démontre une nouvelle fois qu'il est, avec Brian Asawa, le seul dans sa catégorie à pouvoir dignement affronter des parties aussi exigeantes. Quelle beauté de timbre, quelle autorité dans la projection, quelle souplesse de ligne ! L'aigu pourtant lui coûte, et l'expression demeure uniforme. Ce grand artiste n'a-t-il pas tout compte fait davantage à nous dire ailleurs ? Un choeur propre, nuancé, musicien mais avare de consonnes renforce encore ce sentiment général d'élégance, là où il faudrait tant d'exaltation et de flamme. Car les juges les plus équitables ne sont pas forcément ceux qui soulèvent des montagnes…


Vincent Agrech

 

 

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