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Etoiles au sous-sol

Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
03/30/2010 -  et 1er* avril 2010
Altre Stelle, spectacle opératique
Hector Berlioz : La Mort d’Ophélie – Les Troyens : Airs de Didon
Airs et extraits de Gluck (Armide, Orphée et Eurydice), Rameau (Hyppolite et Aricie), Cherubini (Médée) et Méhul

Anna Caterina Antonacci (soprano)
Les Siècles, François-Xavier Roth (direction)
Juliette Deschamps (mise en scène)


S. Stucky (© Serge Derossi/Naïve)


Après le spectacle « Era la notte », la nouvelle collaboration entre la fameuse soprano Anna Caterina Antonacci et le metteur en scène Juliette Deschamps semble des plus prometteuses. « Altre Stelle », d’après le vers de Dante « L’Amour qui meut le soleil et les autres étoiles » évoque quelques héroïnes fatales, Phèdre, Armide, Médée, Didon et Ophélie, et l’on se réjouit de voir l’antique récital lyrique dépoussiéré en recevant une unité conceptuelle et une théâtralisation en forme d’« opéra de chambre ». Hélas, le spectateur déchante vite, tant la mise en scène se révèle une insulte à la musique. Dans un décor en forme de couloir noir, comme un métro crasseux, la chanteuse se dandine en petites robes à fleur et ballerines, auprès desquelles les fripiers de Barbès ou Camping 2 passeraient pour des canons d’élégance raffinée. Comme ces « visuels » s’accordent à la figuration sonore des nobles tragédiennes ! Et l’on est loin de la direction d’acteur vivante et inventive qui rachetait les provocations d’un Peter Sellars !


Même l’auditeur qui préfère fermer les yeux pour savourer la musique n’est pas épargné : sur l’Andante, d’une douceur et délicatesse charmantes, de la Deuxième Symphonie de Méhul qui sert d’ouverture au spectacle, deux enfants écrivent à la craie sur les murs d’ardoise, d’où des crissements qui vous vrillent les tympans. Puis ils jouent bruyamment avec des cerceaux sur le début de La Mort d’Ophélie de Berlioz. Heureusement, Madame Deschamps daigne de temps en temps nous laisser écouter en paix : Anna Caterina Antonacci possède, comme on le sait, une très belle voix, très homogène, capable de se couler dans différents styles, et une diction précise. Elle sert fort bien cette musique, même si son art ne parvient pas néanmoins à transcender ce que l’écriture vocale de Gluck (Armide) ou Cherubini (Médée) peut avoir parfois de compassé. Heureusement l’orchestre Les Siècles dirigé par François-Xavier Roth se montre d’une musicalité impeccable, magnifiquement délicat et raffiné dans la « Sicilienne » et le « Ballet des ombres heureuses » d’Orphée et Eurydice de Gluck, avec son superbe solo de flûte (sur lequel la chanteuse se sert un bon coup à boire...). On pardonnera néanmoins beaucoup à ce spectacle pour nous faire entendre ce qu’on entend si peu, trois airs de Didon des Troyens de Berlioz, musique enfin génialement inventive et sublimement expressive ! C’est d’ailleurs sa prestation dans une mémorable production de cet opéra qui mit Paris aux pieds d’Antonacci !


Mais pour un spectaculaire « Air des furies » de Gluck (avec une tempête de neige peu à peu éclairée de rouge, idée toute simple, et pour une fois visuellement en accord avec la musique), il nous faut encore subir de prétentieux poèmes d’Andrée Chédid déclamés dans des haut-parleurs, et une seconde partie de La Mort d’Ophélie de Berlioz à peine audible, car chantée des coulisses, ultime avanie, absurdité scandaleuse ! Enfin, il y a eu suffisamment de moments qui ont échappé aux velléités destructrices du metteur en scène pour se dire que ce spectacle médiocre a toutefois été un beau concert ! Mais il serait peut-être temps de songer à créer une S.P.M.M. (Société de Protection des Musiciens et de la Musique) !



Philippe van den Bosch

 

 

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