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La musique qui venait du froid

Paris
Salle Pleyel
06/09/2010 -  et 10* juin 2010
Bechara El-Khoury : Poème nocturne, opus 80 (création)
Edvard Grieg : Concerto pour piano, opus 16
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 1 «Zimniye gryozy», opus 13

Vicens Prats (flûte), Nikolaï Lugansky (piano)
Orchestre de Paris, Eivind Gullberg Jensen (direction)


E. Gullberg Jensen (© Paul Bernhard)


En hommage à Jean-Pierre Rampal (1922-2000), décédé voici tout juste dix ans – déjà –, l’Orchestre de Paris, avec lequel il s’est produit à plusieurs reprises entre 1968 et 1986, a commandé à Bechara El-Khoury (né en 1957) un Poème nocturne (2009) dont Vicens Prats donne la création. Premier solo depuis 1991, il a notamment été l’élève du grand flûtiste français. Dédiée à sa mémoire, la partition du compositeur franco-libanais, d’un seul tenant et durant un gros quart d’heure, met principalement en valeur les qualités lyriques de l’interprète, dès le Lento con meditazione initial. Assez fourni (bois par trois), l’effectif orchestral n’intervient au grand complet que dans le Drammatica con forza central: le soliste se tait pendant ce violent intermède, qui tient à la fois de Bernstein, de Hollywood, de Chostakovitch et de Respighi. Le Misterioso final retrouve un climat apaisé qui conduit à un happy end.


Régulièrement invité entre 2001 et 2006, Nikolaï Lugansky fait son retour à l’Orchestre de Paris dans le Concerto (1868) de Grieg. La distance et la réserve qu’on lui reproche parfois ne sont pas de trop dans une œuvre trop souvent lestée par un excès d’effets expressifs et ne peuvent être tenues pour de l’indifférence ou de la froideur. Il ne s’abandonne certes que très rarement, contrôlant fermement tous les paramètres, mais son jeu, toujours d’une grande sûreté technique, peut devenir physique quand la musique l’exige, en même temps que d’une élégance et d’une délicatesse infinies, comme dans le second thème du finale. Eivind Gullberg Jensen (né en 1972), a enregistré le concerto de son compatriote avec Shani Diluka et l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine chez Mirare voici quelques années (voir ici): on retrouve ici le caractère engagé de sa direction qui, par contraste avec la hauteur de vue du pianiste russe, en paraîtrait presque emphatique et envahissante. En bis, un raffinement quasi debussyste illumine le Cinquième (en sol) des treize Préludes de l’Opus 32 (1910) de Rachmaninov.


Le chef norvégien, qui a succédé depuis cette saison à Eiji Oue au poste de Chefdirigent de la Philharmonie de la Radio de Hanovre, reviendra à la tête de l’Orchestre de Paris en février prochain dans un programme Tchaïkovski/Glazounov/Chostakovitch avec la violoniste Alexandra Soumm. Cette année, il a également choisi le répertoire russe pour conclure son programme, avec la relativement rare Première symphonie (1868/1874) de Tchaïkovski, que l’Orchestre de Paris n’avait jusqu’alors donnée qu’une seule fois au cours de son histoire. Au vu de ses précédentes prestations dans la capitale, Eivind Gullberg Jensen confirme à la fois son charisme et sa tendance à privilégier les atmosphères sur la structure du texte. Mais cette approche rhapsodique, fondée sur les fluctuations de tempo, le soulignement des ruptures et la dramatisation du propos, quitte à prendre le risque de fragmenter quelque peu son déroulement, n’est évidemment pas inappropriée dans cette symphonie dont le sous-titre évoque des «rêves d’hiver». Son style entier et passionné, qui s’impose dans les deux premiers mouvements, ne fait peut-être pas suffisamment pétiller le Scherzo, même si la valse centrale paraît très réussie. Mais il possède une qualité rare: l’art de mener les progressions, ce qu’il fait de façon fort convaincante dans le Finale, parvenant en outre à ne pas rendre la péroraison trop pesante.


Le site d’Eivind Gullberg Jensen
Un site consacré à Nikolaï Lugansky



Simon Corley

 

 

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