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Session de rattrapage

Paris
Lycée Louis-le-Grand (Salle de conférence)
05/20/2010 -  
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 23 «Appassionata», opus 57
Robert Schumann : Fantasiestücke, opus 12
Alexandre Scriabine : Sonate n° 9 «Messe noire», opus 68
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit

Olivier Reboul (piano)


O. Reboul (© Marthe Lemelle)


Saison après saison, le récital qu’Olivier Reboul (né en 1963) donne chaque année en mars dans le cadre de la programmation de l’association «Piano con moto» figure parmi ces rendez-vous auxquels on ne regrette pas d’être fidèle (voir ici, ici et ici). Comme de coutume, le pianiste français s’est donc produit salle Cortot le 13 mars dernier, mais offre heureusement une session de rattrapage – au demeurant, dans un programme presque entièrement différent mais toujours attaché à varier les répertoires. On le doit à l’association «Lyre et Muses», qui organise depuis 2005 des concerts de qualité (Marina Chiche, le Trio Elégiaque, Gaëtane Prouvost, Raphaël Chrétien et Vahan Mardirossian, ...) dans des «lieux rares, insolites ou méconnus» (crypte du Panthéon, congrégation du Saint-Esprit, Ecole nationale supérieure de chimie, Institut national de jeunes sourds, chapelle Saint-Vincent-de-Paul, Société nationale horticole de France, Hôtel Lutetia, musée de la Légion d’honneur, ...).


C’est donc dans la «salle de conférence» du lycée Louis-le-Grand, en plein cœur du Quartier Latin, que joue cette fois-ci Olivier Reboul. Si l’acoustique se révèle plus que convenable, tel n’est pas tout à fait le cas du Steinway, dont le clavier et la mécanique semblent rétifs. Sans doute l’une des raisons expliquant les accrocs qui émaillent une Vingt-troisième sonate (1805) de Beethoven par ailleurs d’une grande pureté, plus dans l’esprit classique du «Sturm und Drang» que dans la surcharge «romantique» et les déferlements sauvages parfois inspirés par son sous-titre d’«Appassionata»: hauteur de vue de l’Allegro assai, simplicité de l’Andante con moto, relative modération du finale (effectivement marqué ma non troppo) – l’interprète, s’il ne se met jamais en avant, sait parfaitement où il va et montre clairement la direction. Abordant ensuite les Fantasiestücke de l’Opus 12 (1837), il démontre d’emblée ses affinités avec la poésie schumannienne («Au soir»), faisant bien ressortir l’opposition entre le rêveur Eusebius et le fougueux Florestan («Elan»). Soucieux d’articulation, sans raideur, il préfère la maîtrise aux emballements hasardeux, mais ne traîne pas pour autant («Songes troubles») et ne reste pas sur son quant à soi («Dans la nuit»), faisant même preuve de généreux élans («Fin du lied»).


Au-delà de ses redoutables exigences techniques, la seconde partie met encore davantage en valeur le magicien des couleurs et des climats, qui le démontre de façon éclatante dès la Neuvième sonate «Messe noire» (1913) de Scriabine, tour à tour inquiétante et fiévreuse. Gaspard de la nuit (1908) de Ravel ne sera pas plus avare de beau piano: dans «Ondine», ce luxe de sonorités ne s’impose pas au détriment du sens de la ligne, tandis qu’il contribue à un «Gibet» vénéneux et envoûtant. Enfin, «Scarbo», mené à vive allure, parvient à conjuguer subtilité et versatilité. En bis, Ravel, encore, mais après tous ces maléfices, c’est la radieuse apothéose du «Jardin féerique», dernière des cinq «pièces enfantines» de Ma Mère l’Oye (1910) – sans doute dans l’adaptation qu’en réalisa Jacques Charlot, disparu pendant la Première Guerre mondiale et à la mémoire duquel Ravel et Debussy dédièrent respectivement le «Prélude» du Tombeau de Couperin et le deuxième mouvement d’En blanc et noir.


Le site d’Olivier Reboul
Le site de «Lyre et Muses»



Simon Corley

 

 

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