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Chansons de France

Paris
Amphithéâtre Bastille
05/18/2010 -  
Vincent Bouchot : Chansons en trois lignes (création)
Paul Hindemith : Six chansons pour chœur mixte
Florent Schmitt : En bonnes voix, opus 91 – A contre-voix, opus 104
Francis Poulenc : Sept chansons, FP 81

Solistes XXI: Hélène Decarpignies, Raphaële Kennedy (sopranos), Katalin Karolyi, Lucile Richardot (mezzos), Laurent David, Edouard Hazebrouck (ténors), Jean-Sébastien Nicolas, Jean-Christophe Jacques (barytons), Rachid Safir (direction)


Les Solistes XXI (© Xavier Zimbardo)


Les deux programmes des Solistes XXI – nom qu’ont adopté «les jeunes solistes» depuis janvier dernier – cette saison à l’Amphithéâtre Bastille confirment la polyvalence de l’ensemble vocal que dirige toujours son fondateur Rachid Safir. Le premier, intitulé «Voix, Espace...» (voir ici), a été consacré à cinq œuvres de Kaija Saariaho associant la voix à l’électronique et illustrées de «créations visuelles»; plus traditionnel, le second, malgré son sous-titre («La Chanson française au XXe siècle»), va jusqu’à notre siècle, puisqu’il comprend une création, et n’est pas consacré à des adaptations des grands succès populaires d’Aristide Bruant à Jean-Jacques Goldman. Son titre («Chansons de France») est toutefois plus explicite, faisant en effet référence aux deux triptyques fondateurs de Debussy (Chansons de France) et de Ravel (Trois chansons).


Avec un effectif de huit chanteurs, ce qu’on perd en effets de volume est compensé en termes de clarté des textes (même si le programme de salle prend la peine de les reproduire intégralement) mais aussi d’agilité. Et il ne faut pas moins que ces artistes aguerris pour aborder les Chansons en trois lignes de Vincent Bouchot (né en 1966), sur des haïkus absurdes de Félix Fénéon (1861-1944) décrivant le destin tragique de personnes ordinaires, faits divers dont la narration froide et clinique fait ressortir l’humour noir. Le compositeur tire bien évidemment parti de ses expériences passées (Groupe vocal de France et... les jeunes solistes) et de son activité au sein de l’Ensemble Clément Janequin depuis 1994. Evoquant l’esprit des Nonsense Madrigals de Ligeti, ces onze miniatures perdraient sans doute à être données à la suite: c’est donc fort opportunément qu’elles sont distillées en quatre fois tout au long du concert. On en apprécie d’autant mieux l’inventivité pince-sans-rire et la variété d’inspiration: teuf-teuf du train («Anna Méret»), fugato sérieux («Louis Lamarre»), rigoureuse superposition de quatre textes («34 syllabes»), bégaiements («Monsieur André», qui sera bissé), marmonnements des barytons sèchement interrompus par le «Oh!» excédé d’une soprano («Jean Désille»), claquements de doigts et de langue («Les deux Eugène»), répétition de quatre notes ascendantes («Un élégant jeune homme»), bruit des pages qui se tournent («Un bijoutier et sa femme»), émission saccadée résultant de la frappe de la main sur la poitrine («Delièvre»), essoufflement simulé et frottements des pieds («Marie Jandeau»).


Si l’on reproche parfois à Paul Hindemith un caractère germanique trop prononcé, il n’en a pas moins mis en musique six poèmes en français extraits de Vergers (1926) de Rilke. Composées entre les 10 et 13 septembre 1939 alors qu’il était en exil dans le Valais, ces Six chansons, avec leur mélancolie archaïsante, diffusent comme une frêle lueur dans cette sombre époque. Dans le vaste catalogue de Florent Schmitt, comptant près de 140 opus mais assez peu exploré de nos jours, les pages chorales ne sortent guère du cercle des formations spécialisées. On retrouve l’amateur de calembours dans le titre de deux recueils de six numéros chacun, En bonnes voix (1938) et A contre-voix (1944) – De vives voix suivra dans les années 1950. Textes anciens (du XIVe au XVIIe), contemporains ou populaires font jeu égal avec les «syllabes» de Yks, «auteur bien connu par la place qu’il occupe dans l’alphabet», ce «X» faussement anonyme n’étant autre que Schmitt lui-même. De quoi divertir trois à huit chanteurs dans une tonalité tour à tour folklorique («On dist que...», «Trois goélettes», «L’Arche de Noé», «Bonnet vole») et parodique (la valse nostalgique de «Tournez s’il vous plaît...»), s’amusant à des allitérations et narrations surréalistes («Le Passant de Passy», «Retour à la Terre») mais ne renonçant pas pour autant à émouvoir («La Mort du rossignol», «Si mes poches», «Pour vous de peine»). La comparaison se révèle cependant assez cruelle avec les Sept chansons (1936) de Poulenc, bénéficiant non seulement de la qualité des poèmes (cinq d’Eluard et deux d’Apollinaire) mais aussi d’une écriture à la fois plus riche, plus dense et plus aboutie.


Le site des Solistes XXI



Simon Corley

 

 

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