About us / Contact

The Classical Music Network

Zurich

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le joug des pères

Zurich
Opernhaus
04/18/2010 -  et 21, 23, 25, 28 avril, 2, 5, 7*, 16 mai 2010
Giuseppe Verdi: Luisa Miller

Barbara Frittoli (Luisa Miller), Liliana Nikiteanu (Federica, duchessa d’Ostheim), Agnieszka Adamczak (Laura), Laszlo Polgár (Il conte di Walter), Fabio Armiliato (Rodolfo, suo figlio), Ruben Drole (Wurm, castellano di Walter), Leo Nucci (Miller, vecchio soldato in ritiro), Alejandro Lárraga (un contadino)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Ernst Raffelsberger (direction), Orchestre de l’Opernhaus, Massimo Zanetti (direction musicale)
Damiano Michieletto (mise en scène), Paolo Fantin (décors), Carla Teti (costumes), Hans-Rudolf Kunz (lumières)


B. Frittoli et F. Armiliato (© Suzanne Schwiertz)


Après Le Corsaire en début de saison (lire ici), l’Opernhaus de Zurich propose un second ouvrage de Verdi rarement joué – Luisa Miller –, en en confiant encore une fois la réalisation scénique à Damiano Michieletto, qui s’impose comme l’un des metteurs en scène les plus talentueux de la nouvelle génération. Un habile dispositif circulaire en perpétuelle rotation, séparé par une paroi qui sert de miroir, fait se côtoyer et s’opposer les deux mondes dans lesquels évoluent les personnages de l’intrigue inspirée de Schiller, la noblesse et la paysannerie, soulignant cruellement l’impossibilité d’une idylle entre Luisa la villageoise et Rodolfo le fils du comte. Deux enfants, doubles des amoureux, sont constamment sur scène, comme pour montrer que, même à l’âge adulte, les protagonistes sont toujours sous l’emprise de leur père respectif. La scène finale, lorsque Rodolfo empoisonne Luisa avant d’ingurgiter lui-même la boisson mortelle, est particulièrement réussie: des images vidéo sont projetées sur la paroi contre laquelle s’appuient les deux amants; elles représentent de l’encre rouge et bleu se diluant en magnifiques arabesques, symbolisant le poison qui s’insinue dans le sang des amoureux, un moment d’une forte intensité dramatique.


Le plateau vocal est dominé par un Leo Nucci impérial, dont le sens du phrasé et la technique sont toujours exemplaires, comme si le temps n’avait que peu de prise sur sa voix. On ne peut malheureusement pas en dire autant de Laszlo Polgar: malgré tout le respect dû à l’artiste, force est de reconnaître désormais que sa prestation en comte Walter est une véritable leçon de malcanto, particulièrement pénible dans le registre aigu. Dans le rôle-titre, Barbara Frittoli séduit par la beauté du timbre, le sens de la ligne et la richesse des nuances, quand bien même l’interprétation semble un peu froide et retenue. Fabio Armiliato est un Rodolfo ardent et passionné mais qui ne s’embarrasse pas de nuances, et d’ailleurs le ténor est mis à mal en fin de soirée, comme s’il n’avait pas su économiser ses forces. On mentionnera également la remarquable prestation de Ruben Drole en Wurm épileptique, ainsi que la charismatique Federica de Liliana Nikiteanu, rivale de Luisa. Massimo Zanetti sait galvaniser les musiciens pour obtenir, à défaut de subtilités, des sonorités bien différenciées, contribuant à maintenir le public en haleine grâce à une dynamique et une tension dramatique toujours présentes. Décidément, l’Opernhaus a beaucoup de chance avec Verdi!



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com