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Fuite en avant

Paris
L’Archipel
05/05/2010 -  
Claude Debussy : Préludes (Premier livre): «La Cathédrale engloutie»
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 32, opus 111
Frederik van Rossum : Miniatures, opus 10 n° 1, n° 9, n° 10, n° 11 et n° 12
Johannes Brahms : Klavierstücke, opus 118 n° 1, n° 2 et n° 3
Modeste Moussorgski : Kartinki s vystavki

Carine Gutlerner (piano)


C. Gutlerner


Après «Vous dites Chopin? Ou bien Schumann?» en mars dernier (voir ici), L’Archipel, en ce début mai, inverse la proposition, mais pour un résultat identique: «Vous dites Schumann? Ou bien Chopin?» associe pareillement les deux compositeurs nés en 1810. Mais grâce à ses deux salles, le cinéma du boulevard de Strasbourg peut continuer de présenter une programmation parallèle: pendant que la salle rouge, au sous-sol, accueille Ferenc Vizi puis un intéressant spectacle autour de Clara Schumann (voir ici), la salle bleue propose un récital de Carine Gutlerner. Pianiste, enseignante et compositeur de la musique du film Le Journal d’Anne Frank, elle s’adonne également à la peinture – ce que son site qualifie plaisamment de «violon d’Ingres» – et à la direction de chorales, dont la présence de nombreux membres explique sans doute l’affluence inhabituelle à ce concert.


Amuse-bouche à l’image d’un menu très copieux, «La Cathédrale engloutie», extrait du Premier livre (1910) de Préludes de Debussy, séduit par ses couleurs mates, refusant les effets «impressionnistes». Les choses se corsent dans la Trente-deuxième sonate (1822) de Beethoven: spontanée et sincère, l’interprète s’attache visiblement à saisir l’auditeur par de grands gestes et une approche rhapsodique, mais peine à surmonter certaines difficultés d’exécution, accélérant le tempo comme dans une fuite en avant. La conclusion de cette première partie offre l’occasion d’entendre la première et les quatre dernières des douze Miniatures (1967) de Frederik van Rossum (né en 1939), «Prélude», «Toccata», «Marche», «Elégie» et «Final» qui se situent sans grande originalité dans la descendance de Prokofiev et Chostakovitch.


Si elle n’en maîtrise pas toujours les exigences techniques, Carine Gutlerner ne se laisse pas intimider par les trois premiers des six Klavierstücke de l’Opus 118 (1893) de Brahms: sans alanguissement ni pathos, c’est le célèbre Deuxième qui convainc le plus. En revanche, les Tableaux d’une exposition (1874) de Moussorgski constituent la principale déception de la soirée: davantage encore que la multiplication des approximations, ce sont les libertés prise avec la partition qui finissent par irriter. Ainsi de ces regrettables fluctuations de tempo, privant de sens l’inlassable répétition du sol dièse de la main gauche dans «Il vecchio castello», qui sera néanmoins bissé. Pour négocier les obstacles, soit elle ralentit excessivement, comme dans le trait final de «Gnomus» ou «Limoges. Le Marché», soit elle se hâte, comme pour atteindre plus rapidement des passages plus sûrs («La Grande Porte de Kiev»). Mais ces précautions ne sont pas suffisantes pour mener à bon port «Tuileries», le «Ballet des poussins dans leurs coques» ou «La Cabane sur des pattes de poule», tandis que la visite des catacombes semble l’avoir tellement effrayée qu’elle précipite l’allure dans «Cum mortuis in lingua mortua».


Le site de Carine Gutlerner
Le site de Frederik van Rossum



Simon Corley

 

 

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