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La simplicité, clé de la réussite musicale

Paris
Cité de la musique
05/04/2010 -  et 1er mai 2010 (Gateshead)
Georg Friedrich Händel : Acis and Galatea HWV 49a

Ed Lyon (Acis), Joanne Lunn (Galatea), Michael George (Polyphemus), Joseph Cornwell (Damon), Andrew King (Coridon), Faye Newton (Une bergère), Jelena Kordic (Une bergère), Simon Grant (Un berger)
New London Consort, Philip Pickett (direction)


P. Pickett (© Richard Haughton)


Pour une fois, Georg Friedrich Händel (1685-1759) a choisi une histoire simple pour composer un masque, exercice différent de l’opéra ou de l’oratorio, genre à part qui allie à la fois musique, théâtre, danse, pyrotechnie le cas échéant et jeux de scène.


En effet, tiré une fois encore des Métamorphoses d’Ovide, le livret de John Gay (1685-1732) nous narre une histoire on ne peut plus claire : Acis, jeune berger de Sicile, fils de Faunus et de la Nymphe Symaéthis, est amoureux d’une jeune et belle Néréide, Galatée. Alors que les deux jeunes amants se déclarent mutuellement leur amour, le cyclope Polyphème en prend ombrage, étant également tombée sous les charmes de la belle jeune femme. Cette dernière repoussant néanmoins ses avances, Polyphème entre dans une rage terrible qui le conduit à occire Acis en l’écrasant sous un rocher. Incitée par le chœur des bergers, Galathée, qui était pourtant inconsolable dans un premier temps, use finalement de ses pouvoirs surnaturels pour transformer Acis en rivière afin que s’écoulent éternellement leurs amours perdues.


Bien que cette pièce soit un véritable chef-d’œuvre, elle n’est pas si fréquemment mise à l’affiche des salles de concert, qui lui préfèrent les grands oratorios comme Saül ou Hercules. Outre l’opportunité de l’entendre, force est de constater que la représentation donnée ce soir à la Cité de la musique dans le cadre de son cycle « Planète Terre » fut en tous points idéale. Petits effectifs : un chœur de cinq chanteurs, un orchestre de seize musiciens (des cordes, une basse continue, deux hautbois et une flûte)... mais quel résultat ! Dès le chœur introductif où bergers et bergères chantent un monde idéal où seule règne la félicité, on est pris par une incontestable fraîcheur interprétative (on soulignera notamment la très belle voix de la soprano Faye Newton) et un véritable foisonnement de couleurs.


Une des grandes réussites de Händel dans cette œuvre consiste à avoir peint le caractère de ses personnages de manière ciselée sans les caricaturer pour autant. Ainsi, Acis est-il à la fois fragile – notamment lorsqu’il chante son amour pour Galatée aux scènes 3, « Where shall I seek the charming fair », et 5, « Lo ! here my love », de l’acte I par exemple – et véhément – lorsqu’il promet de tuer Polyphème si ce dernier persiste à importuner Galatée (scène 5 de l’acte II). Ed Lyon illustre avec beaucoup de justesse ses états d’âme qui culminent dans un superbe trio (à l’acte II) où il mêle sa voix à celle de sa promise et du rival jaloux. Même si son chant manque parfois de projection, Joanne Lunn est une Galatée de haute tenue. Dès son premier air adressé aux oiseaux, « Oh ! The pleasure of the plains » (acte I, scène 2), elle révèle une âme passionnée qui tantôt sait s’affermir, tantôt cède au découragement le plus total. A cet égard, l’évolution de son personnage une fois Acis tué par Polyphème est traitée par Händel avec une adresse incomparable : quel contraste entre l’alliance Galatée-hautbois pour incarner la tristesse et le jumelage chœur des bergers-cordes pour illustrer l’espoir renaissant, la vie devant continuer ! Mais la plus belle incarnation de cette soirée revient sans doute à Michael George qui est un Polyphème « plus vrai que nature ». Avant qu’il ne commette l’irréparable, c’est un personnage attachant, plus gauche que véritablement méchant, qui cherche par quelque artifice à se donner des qualités qu’il n’a pas afin de séduire Galatée (le très bel air « O raddier than the cherry », que l’on peut traduire par « O toi, plus vermeille que la cerise » à la scène 2 de l’acte II). On n’en est que plus malheureux pour lui lorsqu’il se fait éconduire assez vertement. A l’instar des autres chanteurs, Michael George esquisse quelques gestes et joue avec la scène afin de mieux donner corps à son personnage : il y parvient merveilleusement. Joseph Cornwell et Andrew King, qui font également partie du chœur avec trois autres chanteurs (Faye Newton, Jelena Kordic et Simon Grant), tiennent assez bien leur rôle même si le premier d’entre eux, incarnant le personnage de Damon, manque de puissance dans la voix et connaît quelques problèmes de stabilité (« Shepherd, what are thou pursuing ? »).


En dépit d’une gestique assez raide, Philip Pickett conduit l’ensemble avec dextérité, chantant avec ses solistes, et participant donc pleinement à une superbe soirée qui a conquis un public véritablement enthousiaste.


Le site du New London Consort
Le site de Philip Pickett
Le site d’Ed Lyon



Sébastien Gauthier

 

 

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