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Des Contes nés sous une mauvaise étoile

Zurich
Opernhaus
03/13/2010 -  et 16, 18, 21, 24, 26*, 31 mars et 3 avril 2010
Jacques Offenbach: Les Contes d'Hoffmann

Raffaela Angeletti (Stella, Antonia), Sen Guo (Olympia), Riki Guy (Giulietta), Michelle Breedt (La Muse/ Nicklausse), Wiebke Lehmkuhl (La voix de la tombe), Vittorio Grigolo (Hoffmann), Laurent Naouri (Lindorf/Coppélius/Le docteur Miracle/Le capitaine Dapertutto), Benjamin Bernheim (Spalanzani), Giuseppe Scorsin (Crespel), Cheyne Davidson (Peter Schlémil), Martin Zysset (Andrès/Cochenille/Frantz/Pitichiaccio), Davide Fersini (Maître Luther), Thierry Duty (Nathanaël), Kresimir Strazanac (Hermann), Pablo Ricardo Bemsch (Wilhelm), Adam Palka (le capitaine des Sbires)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Jürg Hämmerli (direction), Orchestre de l’Opernhaus, David Zinman (direction musicale)
Grischa Asagaroff (mise en scène), Bernhard Kleber (décors), Florence von Gerkan (costumes), Jürgen Hoffmann (lumières)


(© Suzanne Schwiertz)


On peut dire sans exagérer que le mauvais sort s’est acharné sur ces Contes d’Hoffmann zurichois. La veille de la première répétition, Thomas Langhoff – qui devait assurer la partie scénique du spectacle – est contraint de jeter l’éponge, pour cause de maladie. La direction de l’Opernhaus se tourne en désespoir de cause vers le metteur en scène «maison», Grischa Asagaroff, qui accepte de reprendre le flambeau au pied levé, dans des décors conçus par Bernhard Kleber en collaboration avec Langhoff. Dans ces conditions, on comprendra que le sauveur de la production n’a pu que régler une mise en place minimale, sans conception globale du spectacle ni caractérisation poussée des personnages. Malgré tout, le public lui doit une fière chandelle car sans lui on aurait sûrement assisté à une représentation concertante.


La veille de la première, Elena Mosuc, qui devait interpréter les quatre rôles féminins, est victime d'une inflammation des cordes vocales, contraignant l'Opernhaus à rechercher des remplaçantes à la dernière minute. Difficulté supplémentaire: la production zurichoise se base sur une nouvelle version de l’ouvrage élaborée en 2005 par Michael Kaye et Christophe Keck, que peu de chanteurs connaissent. Trois nouvelles recrues sauvent les meubles et, rien que pour cela, méritent notre reconnaissance, même si la prestation fournie est honnête, sans grand éclat (Senn Guo en Olympia), moyenne, sans plus (Raffaela Angeletti en Stella et en Antonia) et totalement insignifiante (Riki Guy en Giulietta).


De surcroît, la distribution du rôle-titre se révèle un choix malheureux. Pourtant, dieu sait qu'on admire Vittorio Grigolo dans le répertoire italien, avec ses aigus solaires, sa générosité dans le chant et son charisme scénique. Mais en Hoffmann, il est complètement à côté de la plaque. Son français est incompréhensible et tant sa voix que sa technique sont italiennes, avec une tendance – fâcheuse ici – à tout chanter en force, sans la moindre nuance, ainsi qu’à accentuer et à retenir la dernière note de chaque phrase. Un sérieux travail s’impose avant Manon à Londres avec Anna Netrebko.


Seul Laurent Naouri parvient à tirer son épingle du jeu. Sa voix sombre et claire convient parfaitement aux quatre méchants, qu’il incarne avec élégance et raffinement, cynisme et ironie, et bien entendu avec une diction impeccable. Mais il doit se sentir bien seul sur la scène de l'Opernhaus et on ne peut, malgré tout, s'empêcher de se demander ce qu'il est venu faire dans cette galère.


L’autre atout de cette production est la présence dans la fosse de David Zinman. Le chef a beau être directeur musical de l’Orchestre de la Tonhalle depuis 1995, il n’avait encore jamais dirigé à l’Opernhaus. Sa lecture, riche en nuances et claire dans les détails, est extrêmement précise et impressionnante de tension dramatique, faisant ressortir le côté sombre de l’opéra d’Offenbach, au détriment d’une certaine légèreté qui caractérise aussi les Contes.



Claudio Poloni

 

 

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