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Une Flûte en noir-blanc

Lausanne
Salle Métropole
03/21/2010 -  et 24*, 26, 28, 31 mars 2010
Wolfgang Amadeus Mozart: Die Zauberflöte

Donat Havar (Tamino), Lenneke Ruiten (Pamina), Ana Durlovski (Königin der Nacht), Benoît Capt (Papageno), Runi Brattaberg (Sarastro/Sprecher), Julie Martin du Theil (Papagena), Yuree Jang (Erste Dame), Antoinette Dennefeld (Zweite Dame), Cecile van de Sant (Dritte Dame), Maël Graa, Jonas Morin, Martin Egidi (Drei Knaben), Stuart Patterson (Monostatos), Hendrik Vonk (Erster geharnischter Mann/Zweiter Priester), Kai Florian Bischoff (Zweiter geharnischter Mann/Erster Priester)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (direction), Maîtrise du Conservatoire de Lausanne, Stéphanie Burkhard et Henri Farge (direction), Orchestre de Chambre de Lausanne, Theodor Guschlbauer (direction musicale)
Pet Halmen (mise en scène, décors et costumes), Marie-Eve Signeyrole (assistante à la mise en scène), Pet Halmen, Eduard Stipsits (lumières)
Production Oper Halle et Salzburger Landestheater


(© Marc Vanappelghem)


Le rideau s’ouvre sur un bâtiment en miniature ravagé par les flammes. Alors que Pet Halmen commence de travailler sur La Flûte enchantée début septembre 2004, un incendie se déclare dans la bibliothèque Anna-Amalia de Weimar, détruisant des milliers de livres et de partitions, dont une première édition de l’opéra de Mozart et des croquis de Goethe. Le metteur en scène, qui connaît bien l’endroit pour avoir travaillé dans la cité allemande quelques années plus tôt, est complètement bouleversé, au point d’intégrer le terrible événement dans son spectacle. C’est ainsi que la grande salle de la bibliothèque devient le lieu central de l'action, un lieu de savoir et d’érudition auquel souhaite accéder le jeune étudiant qu’est Tamino. Pour y parvenir, il doit déjouer les pièges de la Reine de la Nuit, sortie d’un sarcophage entreposé dans une pièce attenante, et de son clan formé de trois dames et de loubards qui ont mis le feu à la bibliothèque. Et lorsqu’au final, la lumière triomphe de l’obscurantisme, Sarastro apparaît en Goethe vu par Tischbein, avec sa pose et son chapeau si caractéristiques, le tout se déroulant dans des décors en noir et blanc symbolisant le bien et le mal, la connaissance et l'ignorance. C'est ce spectacle original et intelligent, d’une grande force poétique et monté à l’origine pour Halle et Salzbourg, qui est repris à Lausanne. Comme Pet Halmen a dû parallèlement assurer le Faust de Philippe Fénelon à Paris, on peut imaginer que cette reprise lausannoise est surtout l’œuvre de son assistante, Marie-Eve Signeyrole.


Vocalement, les choses sont malheureusement moins réjouissantes, au point qu’on se demande où diable le directeur de l’Opéra de Lausanne est allé chercher une distribution aussi quelconque, à commencer par un Tamino médiocre, lui qui d'ordinaire a le flair pour dénicher de jeunes talents prometteurs. On peut comprendre, à la rigueur, que les titulaires de la Reine de la Nuit – un des rôles lyriques les plus meurtriers qui soit – ne courent pas les rues, mais de là à ne pas trouver un Sarastro moins fruste ou trois dames chantant juste... Seuls parviennent à tirer leur épingle du jeu le superbe Papageno de Benoît Capt en manchot déluré, la truculente Papagena de Julie Martin du Theil ainsi que les deux prêtres exemplaires de dignité d’Hendrik Vonk et de Kai Florian Bischoff. Une mention spéciale est aussi à décerner à la magnifique prestation du chœur. C’est peu et c’est bien dommage car la mise en scène inventive de Pet Halmen et la direction vive et contrastée de Theodor Guschlbauer dans la fosse auraient mérité mieux.



Claudio Poloni

 

 

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