À l'audition de la première partie de ceconcert, on pouvait redouter d'assister à un de ces concerts de routine que, parfois hélas!, Michel Plasson se permet - direction molle et approximative, indifférente à un soliste précis jusqu'à la sécheresse, au son parfois dur. Et puis... vint "l'Héroïque". Le premier mouvement, déjà, avait fait dresser l'oreille par un discours plus affirmé malgré un tempo assez lent, un orchestre incomparablement mieux tenu, un romantisme d'allure manifeste mais cohérent. Mais le vrai coup de foudre fut pour le mouvement lent, superbement engagé, qui atteignait à une émotion exceptionnelle, rarement présente, il faut bien le dire, dans les derniers concerts de Michel Plasson. Rapprochant ce mouvement de l'atmosphère du post-romantisme par des phrasés appuyés et un tempo très retenu, cherchant -et trouvant- à solliciter l'émotion la plus brute, il offrait une vision absolument saisissante, poignante même, par son engagement viscéral. Peu importait, dès lors, que l'émotion retombe dans un scherzo un rien rustique (les cors, surtout), car le dernier mouvement renouait dans sa section centrale avec cette même atmosphère pathétique. L'orchestre, visiblement galvanisé, était à l'unisson de cette vision d'exception et le public, très nombreux, lui a réservé un vrai triomphe, justement mérité. Michel Plasson a offert, pour ce premier concert de la saison, une incontestable preuve de son talent d'interprète dans un répertoire où, jusqu'alors, il n'avait jamais particulièrement brillé. On ne peut que souhaiter que le chef toulousain et son orchestre se maintiennent à ce niveau pour le reste de la saison!




Laurent Marty