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Promenade en terrain connu

Paris
Salle Pleyel
03/10/2010 -  
Richard Strauss : Le Bourgeois gentilhomme (Suite), opus 60 – Das Rosenband, opus 36, n° 1 – Die Heiligen drei Könige aus Morgenland, opus 56, n° 6 – Befreit, opus 39, n° 4 – Als mir dein Lied erklang, opus 68, n° 4 – Mort et Transfiguration, opus 24

Annette Dasch (soprano)
Orchestre de Paris, Marek Janowski (direction)


A. Dasch (© Daniel Pasche)


Plus que jamais, le nom de Marek Janowski demeure indissociable de ceux des grands compositeurs allemands qu’il aime tant diriger, qu’il s’agisse de Wagner (ici), de Beethoven (ici) ou de Bruckner (ici). Sans négliger pour autant d’autres types de répertoires, Janowski est aujourd’hui un des plus sûrs tenants de cette longue lignée de chefs d’orchestre qui émerveillent le public lorsqu’ils dirigent les grandes fresques sonores qui ont pu être composées Outre-Rhin. Si le dernier passage du chef à Paris dans une œuvre de Richard Strauss avait privilégié la démesure avec la Symphonie alpestre (ici), le programme qu’il donnait ce soir à la tête de l’Orchestre de Paris optait plus volontiers pour la légèreté musicale, encore que certains poèmes symphoniques requièrent à la fois douceur et puissance…


Nouvelle illustration de la si féconde collaboration entre Richard Strauss (1864-1949) et Hugo von Hofmannsthal (1874-1929), la suite du Bourgeois gentilhomme se veut un hommage à la musique française du Grand siècle. Initialement, l’œuvre faisait partie d’un opéra aux vastes dimensions dont il n’a subsisté en tant que telle que le seconde partie, qui n’est autre qu’Ariane à Naxos : l’ensemble est créé à Stuttgart en 1912 mais sans grand succès. En 1916, la Suite, désormais autonome, est remaniée et devient un ensemble de pièces (dix-sept au total) qui suscite toujours, au grand dam du compositeur, le scepticisme du public. Ce n’est qu’au prix de nouvelles réductions que Strauss finit par faire accepter cette Suite (créée à Vienne en 1920) qui se compose donc de neuf morceaux distincts. Hommage à la musique de Jean-Baptiste Lully dédié à un orchestre de formation réduite (seulement trente-six instruments), elle multiplie les clins d’œil à la musique baroque, à l’instar de ce que Strauss a également pu composer dans son ravissant Divertimento opus 86. L’Orchestre de Paris se monte d’emblée sous son meilleur jour, chaque instrumentiste devant assurer avec vélocité sa partie de soliste. On soulignera tout particulièrement la performance de Roland Daugareil, violon solo, qui mène l’orchestre tambour battant dans l’« Entrée et danse des tailleurs » avant de redevenir pleinement lyrique dans le « Menuet de Lully » et la « Courante », aidé dans cette dernière pièce par un superbe violoncelle solo. Côté bois, on ne peut qu’une nouvelle fois admirer les timbres de Pascal Moraguès à la clarinette. Quant à Janowski, il prend un évident plaisir à diriger cette œuvre ciselée au millimètre et qui nécessite une attention de tous les instants pour qu’aucun détail ne soit omis.


Après l’entracte, c’est la musique plus habituelle de Richard Strauss qui est au programme. Parmi les quelque deux cents Lieder qu’il nous a laissés, une soixantaine ont fait l’objet d’une orchestration qui allie en plus d’une occasion une finesse et une richesse orchestrale tout à fait remarquables. Marek Janowski a eu l’heureuse idée de choisir quatre pièces qui, pour une fois, ne soient pas les célébrissimes Quatre derniers Lieder… Exploitant tour à tour les poèmes de Klopstock, Heine, Dehmel et Brentano, Richard Strauss passe ainsi de la fragilité humaine à la pleine puissance musicale au point que la frontière avec le monde de l’opéra semble parfois quelque peu ténue. La jeune cantatrice Annette Dasch, jusqu’ici plutôt connue pour ses rôles dans le répertoire mozartien, notamment celui de la Comtesse des Noces de Figaro (voir ici), adopte un timbre tout à fait rayonnant mais qui manque parfois d’ampleur. Sa diction parfaite lui permet néanmoins de faire passer toutes les émotions inhérentes à ces Lieder qui, il convient plus que jamais de le souligner, bénéficient d’une exceptionnelle richesse orchestrale. Là encore, les interventions de Roland Daugareil (le violon solo étant il est vrai très souvent sollicité dans ce type de pièces à l’instar des Quatre derniers Lieder ou de Morgen) et la conception générale de Marek Janowski ne peuvent qu’être saluées.


Enfin, le programme se concluait par un des premiers poèmes symphoniques de Richard Strauss, Mort et Transfiguration (1888), composé peu après Macbeth et, surtout, Don Juan. Très attendue dans cette œuvre foisonnante, l’interprétation de l’Orchestre de Paris laisse pourtant une impression mitigée. Dans les détails, on pourra regretter l’entrée trop forte des bois au début de la pièce, l’interprétation trop prosaïque donnée par les trombones ou le manque d’implication des percussions. Surtout, d’un point de vue global, c’est l’appréhension de l’œuvre par Marek Janowski qui déçoit en raison d’un manque évident de respiration, le chef ne prenant pas toujours le temps de laisser les silences s’épanouir alors qu’ils permettent justement à l’orchestre de se relancer et d’attaquer avec d’autant plus de violence l’épisode à venir. On regrette également le manque de souffle, le manque d’ampleur des cordes alors qu’elles ont une superbe partition à jouer, notamment dans les troisième et quatrième parties. Pour autant, on ne peut que souligner la qualité globale de l’orchestre qui, notamment dans ses individualités, a prouvé qu’il pouvait figurer au plus haut niveau.


Le site d’Annette Dasch



Sébastien Gauthier

 

 

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