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«Bon anniversaire Monsieur Chopin!»

Paris
Salle Pleyel
02/28/2010 -  
Frédéric Chopin : Fantaisie en fa mineur, opus 49 (1) – Prélude, opus 45 – Fugue en la mineur, B. 144 (2) – Mazurka en la mineur (pour «Notre temps»), B. 134 – Sostenuto en mi bémol, B. 133 (3) – Valse, opus 70 n° 2 (4) – Nocturnes, opus 48 – Mazurka en la mineur (pour Emile Gaillard), B. 140 (5) – Impromptu n° 2, opus 36 – Ballade n° 3, opus 47 – Tarentelle, opus 43 (6) – Mazurkas, opus 50 – Impromptu n° 3, opus 51 – Polonaise n° 6 «Héroïque», opus 53 (7)

Bruno Rigutto (1), Mariko Satake (2), Arzhel Rouxel (3), Anne-Laure Bride-Lanoë (4), Misora Lee (5), Guillaume Coppola (6), François Dumont (7) (piano)





Vous reprendrez bien encore un peu de Chopin? Nolens volens, la réponse s’impose à la veille du deux centième anniversaire de sa naissance, à l’occasion duquel les pianos Pleyel, l’association «Musique au pays de George Sand», la Société Chopin à Paris et la ville de Châteauroux présentent une intégrale de sa musique pour piano étalée sur deux journées. De même durée qu’un Ring, l’entreprise n’est pas surhumaine – Abdel Rahman El Bacha l’a d’ailleurs menée à bien seul, en public, quoique certes pas en deux jours – mais détonne un peu chez ce maître de la petite forme, si loin du gigantisme d’un Wagner ou d’un Berlioz. Et la Cité de la musique, à son tour, programme du 9 au 14 mars prochain sa propre intégrale chronologique, en seize concerts, confiés quant à eux à huit pianistes jouant sur instruments d’époque.


C’est en revanche sur un instrument moderne – un Pleyel, bien sûr – que sont donnés les dix concerts gratuits de «Bon anniversaire Monsieur Chopin!», six le samedi à Châteauroux, non loin du Nohant de George Sand, puis quatre le dimanche à Paris: quinze heures de «musique romantique» – nous voilà rassurés – et soixante pianistes répartis en trois groupes établissant, aux côtés des vingt «jeunes espoirs» âgés de 8 à 23 ans, une assez curieuse distinction entre dix «grands pianistes» français (Cabasso, El Bacha, Engerer, Henry, Laforet, Luisada, Merlet, Pennetier, Pludermacher, Rigutto), d’une part, et trente «pianistes de talent», d’autre part, parmi lesquels se trouvent reléguées des personnalités telles que François Chaplin, Dana Ciocarlie, Nicolas Stavy ou Emmanuelle Swiercz.


Toujours est-il que les Parisiens ont massivement manifesté leur adhésion à cette formule, formant pour chaque séance une impressionnante file d’attente qui s’étendait jusque loin dans l’avenue Beaucour, côté est du bâtiment. Il avait été annoncé que les portes fermeraient un quart d’heure avant chacun des quatre concerts, mais c’est sans doute en raison de l’affluence que le deuxième, consacré aux années 1839-1841 (avec quelques entorses vers 1842), a débuté avec un quart d’heure de retard, certains spectateurs arrivant pendant le spectacle, à la faveur des brèves interruptions. Même si le public ne respecte guère la recommandation qui lui a été faite de n’applaudir qu’à l’issue de chacun des petits récitals des différents pianistes, durant plus d’une heure et demie sans entracte, il ingurgite stoïquement dix-sept pièces, généralement pas parmi les plus connues ni même les plus spectaculaires de Chopin – fort peu s’échapperont avant la fin.


L’habitué de Pleyel aura cependant été surpris de trouver la scène plongée dans un léger halo de brume, dominée par de hautes tentures couleur fraise (et vanille côté jardin), occupée par sept grands projecteurs hémisphériques et ceinte par un rail semi-circulaire permettant le déplacement à distance de deux caméras (de France Télévisions), qui ne manquent pas parfois de s’entrechoquer, heureusement sans trop de bruit. En outre, deux écrans dissimulent une grande partie des tribunes du chœur, pour diffuser des images d’un intérêt douteux: logos des organisateurs et mécènes, puis diaporama accompagnant une courte introduction au programme – dans laquelle il est notamment question d’une «fresque burinée» – et, enfin gros plans fixes des artistes, sur lesquels viennent quelquefois s’incruster des portraits du compositeur mais qui ne parviennent qu’à distraire l’attention.






Chacun des «grands pianistes» ouvre le concert dont il est le «parrain» et c’est donc Bruno Rigutto qui commence avec la Fantaisie en fa mineur, faisant apprécier d’emblée la belle rondeur du Pleyel dans un Chopin sans chichis mais avec quelques accidents. Place ensuite à trois «jeunes espoirs», dont on imagine sans peine le trac qu’ils peuvent ressentir à se produire sans doute pour la première fois devant près de 2000 personnes: Mariko Satake (19 ans), élève d’Anne-Lise Gastaldi au Conservatoire à rayonnement régional (CRR) de Paris, interprète de façon sage mais convaincante le «vingt-cinquième» Prélude opus 45 et la rare Fugue en la mineur; Arzhel Rouxel (14 ans), élève d’Agnès Postec au CRR de Rennes, peut-être tendu par l’enjeu, paraît un peu raide dans une Mazurka en la mineur (pour «Notre temps»), puis dans un Sostenuto (Valse) en mi bémol; l’assurance et la personnalité d’Anne-Laure Bride-Lanoë, élève de Nathalie Lanoë au CRR de Marseille, font sensation dans la Deuxième des trois Valses de l’Opus 70, malgré son tout jeune âge – 8 ans!


Misora Lee enchaîne avec les deux Nocturnes de l’Opus 48, à la fois délicatement ouvragés, bien phrasés et fermement charpentés, le Premier haut en couleur, regardant déjà du côté de Liszt, et avec une Mazurka en la mineur («à Emile Gaillard») d’une belle musicalité. On retrouve enfin avec plaisir deux talents déjà bien confirmés, dans des prestations au demeurant plus longues que celle de Rigutto: celle de Guillaume Coppola souffre malheureusement de quelques accrocs – pas nécessairement dans les traits les plus périlleux, au demeurant – et d’un manque de souplesse dans le Deuxième impromptu puis dans la Troisième ballade, mais il se rattrape dans la Tarentelle, qui ne pouvait effrayer un lisztien de sa trempe (voir ici); François Dumont, après les trois Mazurkas de l’Opus 50, franches et clairement articulées, et un Troisième impromptu, bien sérieux, offre une conclusion éclatante avec la Sixième polonaise «Héroïque», solide mais pas brutale.


Le site de «Bon anniversaire Monsieur Chopin»
Le site de Bruno Rigutto
Le site de Misora Lee
Le site de Guillaume Coppola



Simon Corley

 

 

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