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Le triomphe de Kissin

Paris
Salle Pleyel
02/23/2010 -  
Carl Maria von Weber : Ouverture du «Freischütz», opus 77, J. 277
Frédéric Chopin : Concerto pour piano n° 2, opus 21
Robert Schumann : Symphonie n° 2, opus 61

Evgueni Kissin (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


E. Kissin (© Sasha Gusov/EMI Classics)


Classique succession ouverture/concerto/symphonie à Pleyel pour ce concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France, consacré pour l’essentiel aux deux bicentenaires romantiques célébrés en 2010. C’est donc fort opportunément qu’il débute par l’Ouverture du Freischütz (1821) de Weber, et non par celle de L’Italienne à Alger de Rossini, annoncée en début de saison. Malheureusement, dès une introduction lente, sur un épais tapis de cordes, la direction de Myung-Whun Chung s’en tient à une dramatisation artificielle et extérieure: tempi fluctuants, petits ralentissements avant les points culminants, tendance au pathos ou au monumental, exacerbation des contrastes dynamiques.


Déjà associé à Chung en octobre 2006 dans Mozart et Schumann (voir ici), Evgeny Kissin, souffrant, avait en revanche raté en décembre 2007 son rendez-vous suivant avec l’orchestre sous la direction de Vladimir Ashkenazy (voir ici). En cette année Chopin, il donne à de multiples reprises dans le monde entier le Second concerto (1829), qu’il joue depuis son plus jeune âge et qu’il a même enregistrée en public dès le 27 mars 1984 à Moscou, alors qu’il n’avait pas encore 13 ans (RCA). Est-ce cette longue familiarité avec la partition? Toujours est-il qu’il la maîtrise de façon souveraine, sans ces travers qui ont trop souvent pu irriter dans son jeu par le passé. Un toucher d’une subtilité miraculeuse et d’une infinie variété, tour à tour léger (mais pas évanescent) et puissant (mais pas brutal), se met au service d’une interprétation qui s’impose avec l’évidence lumineuse d’une référence. Apollinienne au point d’en être distante? Mais le pianiste russe est sur un petit nuage – les ornements à la fois sublimes et précis du Larghetto – davantage que dans une tour d’ivoire, d’autant qu’il aborde le Finale avec franchise et fantaisie. Dommage que l’accompagnement ait quant à lui chaussé ses gros sabots.


Souriant, presque détendu, Kissin salue lentement et prend le temps de savourer son triomphe avant d’annoncer une «Etude de Chopin» – la «Révolutionnaire», dernière des douze de l’Opus 10 (1831), confondante d’aisance et de fiabilité, avec une main gauche de rêve – puis une «Valse de Chopin» – en mi mineur (1830), fantasque, voire suspecte de démonstrations virtuoses et de maniérisme – et «encore une Valse», la Deuxième des trois de l’Opus 64 (1847): là où tant d’autres privilégient le plaisir digital, voire la précipitation, il préfère, par des accelerandos impeccablement tenus et une lecture magnifiquement ouvragée, en faire ressortir les teintes nostalgiques.


Après l’entracte, Kissin rejoint les rangs du public pour entendre la Deuxième symphonie (1845) de Schumann. Chung adopte des tempi extrêmes – le lent est très lent (introduction du premier mouvement et Adagio espressivo), le rapide très rapide (Scherzo et Finale) – mais non moins instables, comme s’il voulait illustrer ainsi les différents états d’âme que le compositeur dit avoir retranscrits dans son œuvre. Les beaux élans se trouvent donc sans cesse contrariés, d’autant que s’y ajoutent des effets contestables, et si le mouvement lent tente de retrouver le caractère à la fois subjectif et méditatif que lui conférait Leonard Bernstein (13 minutes!), c’est sans en atteindre la profondeur et en prenant le risque de l’inertie, de l’enlisement et de l’assoupissement.


Le site d’Evgeny Kissin



Simon Corley

 

 

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