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Spectacle royal

Zurich
Opernhaus
02/07/2010 -  et 11, 13, 18, 21* février 2010
Engelbert Humperdinck: Königskinder

Isabel Rey (Magd), Liliana Nikiteanu (Hexe), Stephanie Ritz (Töchterchen), Wiebke Lehmkuhl (Stallmagd), Anja Schlosser (Wirtstochter), Jonas Kaufmann (Königssohn), Oliver Widmer (Spielmann), Reinhard Mayr (Holzhacker), Boguslaw Bidzinski (Besenbinder), Kai Florian Bischoff (Ratsältester), Tomasz Slawinski (Wirt), Miroslav Christoff (Schneider), Pablo Ricardo Bemsch (1. Torwächter), George Humphreys (2. Torwächter), Susanne Grobholz (Frau)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Ernst Raffelsberger (direction), Orchestre de l'Opernhaus, Ingo Metzmacher (direction musicale)
Jens-Daniel Herzog (mise en scène), Mathis Neidhardt (décors et costumes), Jürgen Hoffmann (lumières)


(© Suzanne Schwiertz)


D’Engelbert Humperdinck, les mélomanes connaissent Hänsel et Gretel (1893), un opéra pour enfants régulièrement à l’affiche des scènes lyriques, notamment germanophones. Ce qu’on sait moins en revanche, c’est que le compositeur a écrit six autres opéras, tous tombés dans l’oubli, à l’exception de Königskinder (Les Enfants de Roi), que l’Opernhaus de Zurich vient de reprendre avec grand succès pour cinq représentations, dans une production datant de 2007. L’ouvrage semblait promis à une belle carrière: conçu dans un premier temps sous la forme d’un mélodrame musical, sa création à Munich en 1897 connut une jolie réussite. Une deuxième version, véritable opéra cette fois, vit le jour à New York en 1910, et là aussi l’accueil fut enthousiaste, dépassant largement celui que reçut quelques semaines plus tôt La Fanciulla del West, créée sur la même scène. Las, si la partition de Puccini n’a, depuis, plus jamais quitté le répertoire des théâtres lyriques, l’ouvrage d’Humperdinck a, quant à lui, très vite sombré dans l’oubli, la faute vraisemblablement à un livret qui peut paraître décousu et terriblement naïf au premier abord, alors que la musique, en revanche, recèle de nombreux passages d’une grande inspiration. Quoi qu’il en soit, l’œuvre a été représentée pour la première fois à Zurich en 1911 déjà (une année donc après New York), même s’il faudra ensuite attendre 2007 pour qu'elle ait les honneurs d'une nouvelle production, et 2010 pour une reprise. Pour les amateurs de statistiques, on ajoutera que la création en France a eu lieu en 2005 seulement, au Festival de Montpellier.


Contrairement à ce que son titre pourrait laisser croire, Königskinder n’est pas, après Hänsel et Gretel, un nouvel ouvrage pour enfants. Inspiré très librement de contes d’Andersen et de Grimm, le livret raconte l’histoire d’une gardeuse d’oies, prisonnière d’une sorcière, qui tombe amoureuse du fils d’un roi. Réussissant à briser les sortilèges qui la retiennent, elle retrouve son bien-aimé, qui entretemps s’est fait embaucher comme porcher. Les habitants, furieux que leurs monarques puissent être d’aussi basse condition, chassent les amoureux, qui finissent par mourir de faim et de froid. Le metteur en scène Jens-Daniel Herzog et son décorateur Mathis Neidhardt ont gommé toute référence au conte pour situer l'action dans un lieu unique réaliste et symbolique, sorte de grand hangar enfermant les personnages, qu'ils soient prisonniers (la gardeuse d'oies au début de l'ouvrage) ou libres (l'héroïne retrouvant le prince). Comme en 2007, Ingo Metzmacher s’engage avec conviction dans la réhabilitation de l’œuvre, offrant une lecture foisonnante et rutilante, mais néanmoins raffinée et précise, d’une partition qui se révèle un savant mélange de chants populaires, de Sprechgesang, de grandes envolées symphoniques et de leitmotiv rappelant Wagner, dont Humperdinck a été l’assistant pour la création de Parsifal. La distribution est idéale, avec à sa tête un Jonas Kaufmann, qui, après son récent Werther parisien, engrange un nouveau triomphe. Il faut dire que son timbre sombre et corsé est idéal pour le rôle du prince naïf et viril à la fois. Isabel Rey campe une gardeuse d'oies touchante de grâce et de fragilité. On décernera également une mention spéciale à la sorcière irrésistible de drôlerie de Liliana Nikiteanu, au musicien élégant d’Oliver Widmer ainsi qu’à la touchante petite fille de Stephanie Ritz. Il ne reste plus qu’à espérer que les ovations qui ont salué ces représentations zurichoises inciteront d’autres théâtres à programmer l'ouvrage, qui le mérite assurément.



Claudio Poloni

 

 

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