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Romantisme bien tempéré

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
02/15/2010 -  
Johannes Brahms : Trio avec piano n° 1, opus 8
Arnold Schönberg : Verklärte Nacht, opus 4 (transcription Eduard Steuermann)

François-Frédéric Guy (piano), Ilya Gringolts (violon), Marc Coppey (violoncelle)


I. Gringolts (© Tomasz Trzebiatowski)


La pièce pour violoncelle seul d’Olivier Beaufils dont Marc Coppey devait initialement donner la première ayant disparu du programme, la soirée de musique de chambre qu’il offre avec le violoniste Ilya Gringolts et le pianiste François-Frédéric Guy est ainsi exclusivement consacrée à deux œuvres de jeunesse de compositeurs germaniques, écrites respectivement à l’âge de 21 et 25 ans et regorgeant toutes deux de chaleureuses mélodies. Mais l’un comme l’autre demeurèrent attachés à ces tout premiers opus: Brahms le révisa (substantiellement) à la fin de sa vie, trente-cinq ans plus tard; Schönberg en réalisa quant à lui une orchestration dix-huit ans après, qu’il remit sur le métier vingt-quatre ans plus tard.


Dans le Premier trio (1854) de Brahms, ni l’énergie ni la force ne font défaut, mais les élans romantiques sont tempérés par une stabilité, un équilibre et une assurance solidement classiques: une hauteur de vue qui n’étonne pas de la part de ces trois musiciens n’ayant pas pour habitude de céder à la facilité – et ce n’est pas le moindre de leurs terrains d’entente. L’Allegro con brio s’impose ainsi avec une certitude sereine, suivi par un scherzo très tenu mais qui ne perd pas pour autant son caractère fantastique. Ils enchaînent attaca sur l’Adagio non troppo, moment privilégié de recueillement et de poésie. L’Allegro molto agitato final confirme une qualité instrumentale de premier ordre: piano moelleux et souple, cordes pudiques et sensibles, l’un ayant simplement parfois tendance à couvrir excessivement les autres.


Les courtes notes de programme, qui oublient de mentionner l’un des mouvements du Trio de Brahms, omettent également de préciser le nom de celui qui signa en 1932 l’arrangement pour trio avec piano de La Nuit transfigurée (1899): il s’agit d’Eduard Steuermann (1892-1964), élève de Schönberg, mais aussi de Busoni – la difficulté de la partie de piano témoigne de ce qu’il fut sans nul doute un grand virtuose. Bénéficiant d’un meilleur dosage entre le piano et les cordes que dans Brahms, la transcription de Steuermann, qui ne peut certes pas prétendre à éclipser la version originale pour sextuor à cordes, fonctionne bien, grâce à d’ingénieuses trouvailles. Comme en première partie, les trois partenaires communient dans un romantisme bien tempéré: la flamme est intense et les cordes chantent avec générosité, mais sans débordements ni excès. Bref, de la musique de chambre comme elle devrait toujours se faire.


Le site de François-Frédéric Guy
Le site d’Ilya Gringolts
Le site de Marc Coppey



Simon Corley

 

 

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