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Der Dirigent lässt sich photographieren

Paris
Salle Pleyel
02/07/2010 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 5, opus 73
Arnold Schönberg : Pelléas et Mélisande, opus 5

Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim (piano et direction)


D. Barenboim (© Monika Rittershaus)



Le dernier des trois programmes Beethoven/Schönberg donnés par la Staatskapelle de Berlin et son directeur musical, Daniel Barenboim, se caractérisait par un équilibre plus marqué entre les deux compositeurs que lors des deux premiers concerts, chacun étant représenté, cette fois-ci, par une partition de proportions comparables.


Lors d’une précédente tournée, en octobre 2006 (voir ici), les Berlinois et leur chef n’avaient servi, dans le Cinquième concerto (1809), que de faire-valoir à un Lang Lang qui en était alors au plus fort de sa période cabotine et narcissique. S’il est lui-même tout sauf effacé, Barenboim se montre autrement plus convaincant, apparemment en retrait de sa prestation de la veille dans les Deuxième et Troisième (voir ici), mais certainement au-dessus de celle de l’avant-veille dans les Premier et Quatrième (voir ici). Avec un effectif relativement limité (40 cordes), l’orchestre n’a pas de peine à cultiver finesse et transparence, mais il sait aussi se faire puissant, voire trop appuyé: il ne fait ainsi qu’obéir fidèlement à une direction énergique et volontariste, mordant à pleines dents dans les notes et les rythmes, jusqu’au-boutiste dans sa volonté de magnifier l’œuvre, comme dans cet interminable épisode diminuendo et ritardando scandé par les timbales avant l’ultime trait du soliste. Et le pianiste prend manifestement plaisir à se confronter aux exigences virtuoses de sa partie: belliqueux, héroïque, grandiose, en un mot impérial, comme le suggère le sous-titre (apocryphe) accolé à la partition, quitte à ce que le développement du premier mouvement en paraisse tapageur. Quelques foucades superflues et approximations digitales n’ôtent pas grand-chose à une interprétation intensément vécue dans l’instant et dont le tempérament conquérant ne trouve de répit que dans l’Adagio un poco mosso central, avec à nouveau, comme dans le Deuxième concerto deux jours plus tôt, la tentation d’un nocturne à la Chopin.


Après l’entracte, pour paraphraser le titre d’un opéra bouffe de Kurt Weill, «le chef se fait photographier»: alors que le début de Pelléas et Mélisande (1903) est imminent, un flash se déclenche à l’avant-dernier rang des tribunes placées derrière la scène. Mais l’intéressé ne le prend pas à la rigolade: «Ne photographiez pas! Ca dérange! Vous êtes venue pour écouter la musique! Laissez-nous faire! C’est écrit partout que c’est interdit!». Soutenu par les applaudissements du public, Barenboim refuse à juste raison de laisser passer un tel affront. Dispensée avec véhémence, la leçon le fut cependant en vain: au moment des rappels, la spectatrice fautive ne se privera pas de réutiliser son appareil...


Dans les pages atonales (Pièces opus 16) et dodécaphoniques (Variations opus 31) de Schönberg, Barenboim s’était employé à en faire ressortir la dimension postromantique, avec une fougue réjouissante qui trouvait sans doute ses limites dans une extraversion un peu brouillonne. Rien de surprenant, dès lors, à ce que le vaste poème symphonique inspiré par le drame symboliste de Maeterlinck tende à une débauche sonore hyperstraussienne, quasi hollywoodienne, ne bridant pas les dix-sept bois, dix-neuf cuivres et cinq percussionnistes: un survol en à peine quarante minutes, en outre quelque peu décousu, mais qui n’empêche certes pas l’orchestre de faire valoir sa cohésion et son homogénéité. Le chef n’accorde pas plus de bis que ne l’avait fait le soliste à la fin de la première partie, mais Daniel Barenboim sera de retour à Pleyel dès les 15 et 16 février, toujours à l’invitation de Piano ****, pour deux récitals intégralement dédiés à Chopin.



Simon Corley

 

 

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