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Bonjour tristesse

Paris
Salle Pleyel
02/02/2010 -  et 14, 15, 16 (New York), 21 (Barcelona), 24 (Madrid), 28 (Köln), 30 (Dortmund) janvier, 4 février (London) 2010
Joseph Haydn : Symphonie n° 49 «La Passione»
John Adams : The Wound-Dresser
Franz Schubert : Symphonie n° 8 «Inachevée», D. 759
Alban Berg : Trois pièces, opus 6

Thomas Hampson (baryton)
New York Philharmonic, Alan Gilbert (direction)


A. Gilbert (© Fred Toulet/Salle Pleyel)



L’Orchestre philharmonique de New York ne méritait-il qu’une salle aux trois quarts pleine pour sa seconde soirée à Pleyel? La réponse est évidemment négative, ne serait-ce que parce que même si sa précédente visite ne remonte qu’à septembre 2008 (voir ici), la venue d’une formation américaine constitue un événement encore plus rare en ces temps de crise – c’est d’ailleurs le motif qu’a invoqué le Symphonique de Boston pour renoncer à une tournée qui devait également faire étape en France ce mois-ci. Mais cela n’empêche pas de rechercher les raisons de cette relative contreperformance. Ayant succédé à Lorin Maazel au poste de directeur musical en septembre dernier, Alan Gilbert (né en 1967) demeure encore peu connu en France, même s’il s’y est produit à plusieurs reprises depuis plus de dix ans avec l’Orchestre de Paris puis avec le Philharmonique de Radio France. En outre, dès son arrivée à New York, il a imposé des choix originaux et ambitieux, à l’image de ce programme d’humeur sombre, flattant modérément la réputation de brillant prêtée à l’orchestre, plus aventureux que celui donné la veille (voir ici) en ce qu’il aborde quatre styles très différents – non par ordre chronologique mais par effectif croissant – et fait la part belle au XXe siècle: malgré deux puissantes locomotives (Haydn et surtout Schubert) et un soliste renommé (Thomas Hampson), difficile de lutter à armes égales avec, par exemple, une récente intégrale des Symphonies de Tchaïkovski...


Désespérément lisse, la Quarante-neuvième symphonie «La Passion» (1768) de Haydn augure hélas fort mal de ce concert: respectant inégalement les reprises, le chef adopte une lenteur rédhibitoire, que ce soit dans le premier Allegro, pas du tout di molto, ou dans le Menuetto, d’une pesanteur consternante. Le Presto conclusif s’anime davantage, mais sans qu’il en émane la moindre émotion, de même que dans l’Adagio initial. Dommage pour l’impeccable prestation des cordes, emmenées par l’inamovible Glenn Dicterow – le légendaire clarinettiste Stanley Drucker, désormais octogénaire, vient quant à lui de rejoindre Boulez, Maazel et Mehta au sein du club très fermé des «membres honoraires» de la Société philharmonique.


John Adams se produira avec l’Orchestre symphonique de Londres le 16 mars prochain salle Pleyel, notamment dans sa récente symphonie City Noir, avant-goût d’un «Domaine privé» que lui consacrera la Cité de la musique du 20 au 27 mars. En janvier 2002 (voir ici), il avait déjà dirigé à Paris The Wound-Dresser (1988), longue – vingt minutes – mélodie fondée sur de larges extraits d’un poème (1865) de Walt Whitman (1819-1892), qui rend compte de façon à la fois humaniste et clinique de son activité auprès des victimes de la guerre de Sécession – littéralement «Celui qui panse les blessures», même si la traduction proposée ici est «Soins aux blessés». Pas plus de pathos dans la musique que dans le texte, ressenti par Adams comme une «ode à la compassion». Au lendemain de son «compositeur en résidence», Magnus Lindberg, le Philharmonique de New York présente son «artiste en résidence», Thomas Hampson. Le baryton américain énonce d’une manière impeccable et somptueuse les longues phrases apaisées et n’a pas besoin de forcer la voix face à un effectif de dimension classique, augmenté d’un discret synthétiseur, dont se détache l’excellente trompette (piccolo) de Philip Smith, un des piliers de l’orchestre depuis plus de trente ans.


Après l’entracte et un incident inhabituel – le premier cor doit s’éclipser quelques secondes pour demander à ses collègues de cesser de répéter en coulisse – Schubert suscite le même ennui que Haydn: une Huitième symphonie «Inachevée» (1822) peu romantique, appliquée bien plus qu’impliquée, soporifique à force de sérieux, malgré un Andante pourtant vraiment con moto, mais bien trop métronomique. Joliment éthérée, presque trop léchée en dépit d’une sonorité d’ensemble sans charme particulier, l’interprétation pèche par un manque de tension et d’engagement qui, sans nécessairement les faire regretter, contraste fortement avec les excès des périodes Mehta (1978-1991) et Maazel (2002-2009).


Alan Gilbert ne donne l’impression de prendre vraiment plaisir à s’exprimer que dans les Trois pièces opus 6 (1914) de Berg, dont la rareté tient sans doute en partie à leur imposant instrumentarium. Tout en clarifiant au maximum une écriture volontiers touffue, il rend justice à la puissance postromantique de la partition, sans toutefois la cantonner à un simple héritage de Mahler ou même de Schönberg. En bis, l’Ouverture d’Egmont (1810) de Beethoven rassure un peu quant aux affinités du directeur musical avec le grand répertoire du XIXe et la Valse triste (1903) de Sibelius conclut dans une veine décidément toujours sombre.


Le site de Thomas Hampson
Le site de John Adams



Simon Corley

 

 

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