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Mezza voce

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/13/2010 -  
Robert Schumann : Fantasiestücke, opus 12
Richard Strauss : Sonate pour violoncelle et piano, opus 6
Johannes Brahms : Klavierstücke, opus 116
Frédéric Chopin : Nocturnes opus 9 n° 1, opus 32 n° 1, opus 27 n° 2 et opus 55 n° 2 – Polonaise n° 6 «Héroïque», opus 53

Juliette Herlin (violoncelle), Irakly Avaliani (piano)


I. Avaliani (© D. R.)


Bien que résidant en France depuis 1989, Irakly Avaliani, qui vient de fêter ses soixante ans, demeure un artiste rare sur les scènes parisiennes. C’est pourquoi il ne fallait pas rater ce concert privé, placé sous le parrainage de la romancière et essayiste canadienne Nancy Huston, au cours duquel le groupe Balas, spécialiste des métiers techniques du bâtiment, célébrait dix ans de mécénat, qui ont notamment déjà contribué à la publication de différents disques du pianiste français d’origine géorgienne (chez Intégral), mais aussi d’Emile Naoumoff. Isabelle Balas se dévoue également pour l’Association Marie Jaëll (1846-1925), compositrice et pianiste dont Avaliani a recueilli l’enseignement, à Tbilissi, par l’intermédiaire d’Ethéry Djakeli, elle-même élève de Lazare-Lévy et d’Eduardo del Pueyo.


Il entoure les Fantasiestücke de l’Opus 12 (1837) de Schumann d’une simplicité et d’une fraîcheur inhabituelles, auxquelles l’effleurement des touches et l’étirement du tempo parfois poussés jusqu’à leurs ultimes limites confèrent une apparence irréelle («Au soir», «Pourquoi?», «Fable»). Les autres pièces, celles où le doux «Eusebius» doit s’effacer devant le fougueux «Florestan», ne cèdent pas aux sirènes d’un romantisme échevelé, préférant la clarté de l’articulation et la fermeté du trait, sans pour autant que la sonorité ne devienne trop dure.


L’univers esthétique du jeune Richard Strauss n’est pas très éloigné, et l’on entend même encore Mendelssohn dans sa Sonate pour violoncelle et piano (1883): Juliette Herlin (dix-huit ans), élève de Jérôme Pernoo au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, a quasiment l’âge du compositeur (dix-neuf ans), mais son interprétation manque pourtant de cet élan juvénile qui caractérise l’œuvre. Encore un peu tendre aussi bien en puissance qu’en précision des attaques, elle peine en outre à s’affirmer face à l’accompagnement somptueux d’Ivaliani.


En seconde partie, sous un déluge de toux, il fait alterner, dans les Fantaisies de l’Opus 116 (1892) de Brahms, Capriccios fiévreux et «kreislerianesques», mais heurtés, bousculés hâtifs et approximatifs, et Intermezzos recueillis et nostalgiques, décantés et apaisés, sur le ton de la confidence, d’une délicatesse surnaturelle. Quatre Nocturnes de Chopin prolongent cette veine intimiste: le Premier de l’Opus 9 (1831), murmuré, impalpable, suspendant le temps; le Premier de l’Opus 32 (1837) comme un rêve dont les dernières mesures marqueraient le réveil; le Second de l’Opus 27 (1835), hédoniste, susurré avec suavité; le Second de l’Opus 55 (1843), narratif et rhapsodique comme une Ballade. Ni belliqueuse ni tapageuse, la Sixième polonaise «Héroïque» (1842) reste toujours élégante et souple.


En bis, Avaliani offre d’abord un arrangement de «Schön Rosmarin», dernière des trois Anciennes danses viennoises (1910) de Kreisler, puis «Widmung», le premier des lieder du cycle Myrthen (1840) de Schumann, dans sa transcription par Liszt (1848): les interprètes y mettent d’ordinaire plus de panache et de force, mais il privilégie ici une fois de plus le mezza voce.


Le site d’Irakly Avaliani



Simon Corley

 

 

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