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Le ton juste

Paris
Salle Pleyel
01/10/2010 -  
Vincent Bouchot : Feux de croisement (création)
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 21, K. 467
Antonín Dvorák : Symphonie n° 9 «Z nového sveta», opus 95, B. 178

Vincent Penot (clarinette basse), Emile Naoumoff (piano)
Orchestre Pasdeloup, Mykola Dyadyura (direction)


E. Naoumoff (© Nadia Naoumoff)



A peine sorti de la fosse du Châtelet, où il s’est illustré dans La Mélodie du bonheur (voir ici), l’Orchestre Pasdeloup reprend sa saison symphonique, placée sous le signe de la «Lumière», avec un programme intitulé «Prisme» – pourquoi pas?


De Vincent Bouchot (né en 1966), on connaît le chanteur, membre de La Chapelle Royale, puis du Groupe vocal de France, des Jeunes solistes et d’Akadêmia et pilier, depuis 1994, de l’Ensemble Clément Janequin de Dominique Visse. Mais le ténor est également compositeur: commande de l’association «musique nouvelle en liberté» dédiée à la mémoire d’Henri Pousseur (1929-2009), Feux de croisement met en vedette le jeune Vincent Penot, clarinette solo de l’Orchestre Pasdeloup mais également clarinette basse solo à l’Opéra de Paris. C’est précisément la clarinette basse qui est ici soliste et le «croisement» fait référence au plan – schématique – de cette pièce d’un quart d’heure: la clarinette débute dans le suraigu – un registre peu familier qui, associé à des bruitages, évoque parfois le didgeridoo des Aborigènes – et finit dans l’extrême grave, tandis que l’orchestre suit le chemin inverse, du grave vers l’aigu. Au début, l’instrument soliste domine, avec l’orchestre en toile de fond, mais celui-ci tient un rôle croissant au fil de l’œuvre. Sous l’œil de ses camarades Philippe Berrod et Philippe-Olivier Devaux, respectivement clarinette et clarinette basse solo de l’Orchestre de Paris, Vincent Penot parvient à susciter l’admiration d’un public pourtant réputé rétif aux créations de notre temps.


Dans le Vingt-et-unième concerto (1785) de Mozart, Emile Naoumoff ne joue pas contre l’orchestre, mais dans l’orchestre, et l’on a même le sentiment qu’il voudrait prendre la place de Mykola Dyadura, chef de l’Orchestre philharmonique national d’Ukraine depuis 1996, auquel il a déjà été associé en mars 2006 chez Pasdeloup (voir ici). Même s’il fait bonne figure, le pianiste français doit néanmoins s’accommoder d’un accompagnement peu inspiré et non dénué d’accrocs. Pour sa part, il offre une prestation techniquement au point, avec quelques ornementations personnelles et, surtout, ses propres cadences, aux enchaînements harmoniques surprenants et d’audacieuses superpositions de thèmes. Mais y a-t-il décidément chose plus malaisée que d’être simple dans Mozart? Naoumoff surcharge quelquefois un peu trop son propos d’intentions et de rubato, variant sans cesse son jeu dans le Finale, mais dans l’Andante, qui sera bissé, il n’en fait pas moins chanter le piano, non sans avoir préalablement ôté ses lunettes et joint ses mains comme pour une prière durant l’introduction orchestrale.


Choix guère original pour conclure que celui de la Neuvième symphonie «Du nouveau monde» (1893), déjà donnée par l’orchestre sous la direction de Tatsuya Shimono en mars 2007 (voir ici). Mais Dyadura renouvelle l’intérêt d’un exercice qui aurait aisément pu tourner au pensum routinier. Aucune complaisance, aucune facilité dans une direction qui, plutôt que de rouler des mécaniques, s’attache à trouver le ton juste: élan du premier mouvement (hélas privé de sa reprise), recueillement du Largo, saveurs populaires du Scherzo et vigueur du Finale. Les musiciens prennent visiblement plaisir à travailler avec le chef ukrainien et leur prestation s’en ressent, à commencer, une fois de plus, par l’excellent solo de cor anglais de Benoît Roulet.


Le site d’Emile Naoumoff



Simon Corley

 

 

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