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Fratrie argentine

Paris
Puteaux (Théâtre des Hauts-de-Seine)
12/15/2009 -  
Darius Milhaud : Scaramouche, opus 165b
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Suite de «Casse-Noisette», opus 71a (arrangement Nicolas Economou) (extraits)
Manuel Infante : Tres danzas andaluzas
Astor Piazzolla : Revirado – La Muerte del angel – Adios Nonino – Michelangelo 70 (arrangements Pablo Ziegler)
Maurice Ravel : La Valse

Karin Lechner, Sergio Tiempo (piano)





Après un simple «prélude» l’année dernière (voir ici), les Rencontres musicales de Puteaux, toujours sous le «parrainage» de Roberto Alagna et sous la codirection artistique de Youra Nymoff-Simonetti du chef d’orchestre Marco Guidarini, prennent de l’ampleur: le nombre de concerts a ainsi été porté de quatre en décembre dernier à sept pour la présente édition, qui se tient du 5 au 18 décembre. L’affiche demeure de qualité: même si, pour la soirée inaugurale, June Anderson, souffrante, a dû déclarer forfait, elle a été remplacée par Inva Mula et les autres concerts permettent d’entendre le Quatuor Modigliani, Anne Gastinel ainsi que l’Ensemble orchestral de Paris, mais aussi l’Ensemble de la paix de sœur Marie Keyrouz et une «carte blanche» à Juan José Mosalini et son «grand orchestre de tango». S’y ajoutent une classe de maître de Gabriel Bacquier et une conférence sur Bellini (mort à Puteaux en 1835).


Quant au duo formé par Karin Lechner (née en 1965) et Sergio Tiempo (né en 1972), il propose un récital – court mais non moins interrompu par un entracte d’une demi-heure – entièrement placé sous le signe de danse et reprenant pour l’essentiel le programme de son disque «La Belle Epoque» récemment paru chez avanticlassic. Et ils entrent tout de suite dans le «vif» du sujet: non seulement c’est l’indication de tempo de la première pièce de Scaramouche (1937) de Milhaud, mais à leur façon de se jeter sur la musique, on reconnaît la fougue de leur mentor (et compatriote) Martha Argerich. Ayant tendance à verser dans l’excès de nervosité ou de précipitation, au prix d’une certaine imprécision, cette ardeur se calme toutefois opportunément dans le «Modéré» chopinien et trouve à s’extérioriser avec bonheur dans l’entrain du «Brazileira» final.


Argerich a souvent interprété avec le pianiste et compositeur Nicolas Economou (1953-1993) son adaptation de la Suite de Casse-Noisette (1891) de Tchaïkovski. Les duettistes en ont choisi quatre extraits: «Ouverture miniature» trop systématique dans la manière de décocher les notes piquées comme autant de flèches acérées, «Danse des mirlitons» bien raide, «Danse de la Fée Dragée», où le thème confié au célesta dans la version originale est défiguré par une accentuation incongrue, et «Danse russe» qui, en revanche, fait immanquablement mouche. La première partie se conclut sur une rareté, les Trois danses andalouses de Manuel Infante (1883-1958), l’un des nombreux Espagnols venus, avec Albéniz, Falla, Mompou et tant d’autres, enrichir la vie musicale parisienne dans la première moitié du siècle dernier. Le style véhicule consciencieusement son lot de clichés ibériques mais successivement dans «Ritmo», «Sentimiento» et «Gracia (El vito)», Lechner et Tiempo, à nouveau survoltés, parviennent à soutenir l’intérêt.


A la reprise, la (demi-)fratrie argentine rend hommage à Piazzolla, dans des arrangements de Pablo Ziegler (né en 1944): du tango musclé, poivré et carré, sous leurs doigts, aussi bien dans Revirado (1963) que dans La Muerte del angel (1962) ou plus encore dans Michelangelo 70 (1969), qui roule des mécaniques avec ses effets spectaculaires. Adios Nonino (1959) présente un caractère plus lyrique, mais dérape trop souvent vers une sorte de sous-produit de Rachmaninov. C’est pour deux pianos que Ravel conçut La Valse (1920) avant de l’orchestrer: floue, capricieuse, tour à tour onctueuse et heurtée, leur lecture ne fait pas dans la demi-mesure, avec une coda à grand spectacle.


Compensant la relative faiblesse du nombre par l’enthousiasme de son accueil, le public obtient deux bis. Les deux pianistes échangent leurs places de primo et secondo pour jouer par cœur, comme en avril 2008 à Gaveau (voir ici), le dynamique Joropo de Moisés Moleiro (1940-1979), saluant ainsi le Venezuela, où Tiempo naquit et où il passa une partie de son enfance en compagnie de sa sœur aînée. Pour le second bis, la partition était posée sur l’un des pianos, mais d’assez longues tractations donnent le sentiment qu’ils ne s’étaient pas préalablement mis d’accord comme pour le premier. Ce sera finalement un retour à Ravel, mais toujours en dansant, avec, à quatre mains sur le même tabouret, le «mouvement de valse modéré» des «Entretiens de la Belle et de la Bête», quatrième des cinq «pièces enfantines» de Ma Mère l’oye (1910): touchante image de famille, à front renversé, avec Karin en Bête dans le grave et Sergio en Belle dans l’aigu.


Le site des Rencontres musicales de Puteaux



Simon Corley

 

 

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