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Carte brésilienne

Paris
Maison de Radio France
12/11/2009 -  
Heitor Villa-Lobos : O Descobrimento do Brasil, Suite n° 1, W. 377 – Concerto pour violoncelle n° 2, W. 516 – Bachianas brasileiras n° 5, W. 389, et n° 1, W. 246 (extrait) (*) – Kankikis, opus 65 (extrait des «Danças (características) africanas», W. 107)
Paulo Aragão & Yamandú Costa : Fantaisie populaire pour guitare à sept cordes et orchestre

Luanda Siqueira da Silva (soprano), Yamandú Costa (guitare), Antonio Meneses (violoncelle)
Orchestre national de France, Debora Waldman, Frédéric Lodéon (*) (direction)


H. Villa-Lobos (Avec l’aimable autorisation du musée Villa-Lobos)



Sous l’égide de l’ambassade du Brésil, la célébration du cinquantenaire de la disparition de Villa-Lobos est tardive – elle a débuté le jour anniversaire de sa mort (17 novembre) – mais elle culmine sur un grand week-end de concerts à Radio France. L’Orchestre national de France, que le compositeur venait régulièrement diriger dans les années 1950 (les enregistrements parus chez EMI en témoignent), tient une place toute particulière dans cet hommage: c’est lui qui inaugure ce «festival», avec une soirée au profit de l’association «Musique & Santé», et ce sont ses percussionnistes qui donneront le dernier des six concerts, dimanche après-midi.


L’orchestre, en forme moyenne, retrouve la Brésilienne Debora Waldman (née en 1977) qui fut, entre 2005 et 2007, l’assistante du directeur musical d’alors, Kurt Masur, pour la Première suite de La Découverte du Brésil (1937). En 2004, le National avait interprété les quatre Suites sous la direction d’Enrique Diemecke (voir ici). Au lieu de reprendre cette succession décousue d’épisodes pittoresques qui trahit son origine cinématographique, il y avait pourtant, comme le rappelle Frédéric Lodéon, bien d’autres trésors à dénicher dans l’œuvre de Villa-Lobos, ne serait-ce que parmi les Chôros ou les Bachianas brasileiras. Egal à lui-même, il montre ici qu’il a entendu Falla ou même Bartók, mais cette puissance et ce lyrisme n’appartiennent qu’à lui. Il en va de même pour cette orchestration colorée, qui met en valeur un curieux trio entre la flûte, le basson et l’alto, mais aussi, individuellement, le saxophone alto ou le violoncelle, son instrument de prédilection.


Au demeurant, parmi la vingtaine de partitions concertantes figurant à son immense catalogue, il lui en a consacré trois, une Fantaisie et deux Concertos. Le Second (1953) apparaît même comme l’une de ses meilleures partitions concertantes, magnifiquement défendu par Antonio Meneses, qui se consacre désormais à nouveau pleinement à sa carrière soliste, après avoir pris part aux dix dernières années d’existence du Beaux-Arts Trio, dissous en 2008. Rhapsodique comme l’était spontanément Villa-Lobos, ce Second concerto tient cependant très nettement mieux la route que le Premier, antérieur de près de quarante ans: l’instrumentation brille tout particulièrement dans le Scherzo, enchaîné à une cadence qui conduit à un bref Allegro energico conclusif, mais ce qui frappe avant tout, c’est le chant quasi inextinguible de la partie soliste, qui s’épanouit encore plus dans le Molto andante cantabile, très proche des Cinquièmes Bachianas brasileiras.


Plutôt que de respecter le rituel d’un bis de Bach qui, une fois n’est pas coutume, eût été tout à fait en situation, il faudra attendre, après l’entracte, le retour d’Antonio Meneses, qui, en compagnie des sept violoncelles du National, prend la place laissée par leur premier solo, Jean-Luc Bourré, pour donner non seulement les Cinquièmes (1938/1945) mais aussi la «Modinha» centrale des Premières Bachianas (1930). Pour l’occasion, Frédéric Lodéon a troqué le micro contre la baguette et a demandé au violoncelliste brésilien, toujours aussi noble et expressif, de se détacher du groupe, seul face au public. Juste auparavant, dans les Cinquièmes Bachianas, c’est encore une Brésilienne qui était à l’honneur, la soprano Luanda Siqueira da Silva (née en 1975), une voix de petit format qui peine un peu dans la «Cantilena»: bien que pris sur un tempo plus rapide, le retour du refrain, bouche fermée, se révèle bien difficile, notamment le la aigu final, mais elle se rattrape dans le périlleux «Martelo».


Et ce n’en était pas fini des artistes brésiliens: Yamandú Costa (né en 1980) s’est déjà produit à deux reprises à Paris dans la Suite pour guitare à sept cordes et orchestre de Mauricio Carrilho, en mars 2007 avec Kurt Masur et le National, puis en octobre dernier au Châtelet avec l’Orchestre de Paris et Kristjan Järvi. Il a choisi cette fois-ci une Fantaisie populaire pour guitare à sept cordes (amplifiée) et orchestre qu’il a lui-même écrite avec Paulo Aragão (né en 1976): espadrilles blanches et étole vieil or négligemment jetée sur l’épaule gauche, le jeune guitariste anime ces 23 minutes obéissant à la forme traditionnelle du concerto, c’est-à-dire trois mouvements, dont le deuxième renferme une cadence et le troisième danse sur d’irrésistibles rythmes syncopés. Après les Bachianas, c’est davantage l’esprit des Chôros qui s’impose, avec, peu avant la fin et peut-être en clin d’œil à Villa-Lobos, un duo entre la guitare et le violoncelle. Le talent de Costa semble tellement hors norme qu’on ne sait pas trop si la présence d’un orchestre symphonique traditionnel apporte grand-chose à son art: belle programmation, en tout cas, que celle de ce week-end, qui, de même que Meneses, permet de le réentendre dès le lendemain.


Mais cette première soirée ne pouvait se terminer qu’avec Villa-Lobos, personnalité réellement originale et novatrice, si l’on songe à l’époque où fut composée «Kankikis», dernière des trois Danses (caractéristiques) africaines (1915/1916), sous-titrées «Danses des Indiens métis du Brésil». Où d’autre une telle musique aurait-elle pu être conçue sinon dans ce pays dont il disait: «Mon premier traité d’harmonie fut la carte du Brésil»? Debora Waldman en fait reprendre les dernières pages pour remercier un public enthousiaste.


Le site de Musique & Santé
Le site d’Antonio Meneses
Le site de Yamandú Costa



Simon Corley

 

 

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