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Soirées triomphales

Vienna
Wiener Staatsoper
05/29/1999 -  et 1*, 4, 8 juin 1999
Peter Ilyich Tchaikovsky : La Dame de Pique
Placido Domingo (Hermann ), Sergej Leiferkus (Comte Tomsky), Dmitri Hvorostovsky (Prince Yeletski), Galina Gorchakova (Lisa), Rita Gorr (la Comtesse), Herwig Pecoraro (Chekalinski), Rudolf Mazzola (Surin), Franz Kaselmann (Chaplitsky), Marcus Pelz (Narumov), Svetlana Serdar (Pauline), Waltraud Winsauer (gouvernante), Rachel Harnisch (Masha)
Choeurs et orchestre de l’Opéra de Vienne, Seiji Ozawa (direction)
Kurt Horres (mise en scène)

Le mensuel Opéra International titrait le mois dernier " Domingo le conquistador, la campagne de Russie ". Effectivement, la campagne de Russie a bien commencé : après avoir effectué cette 112ème prise de rôle au Metropolitan Opera à New-York en avril dernier sous la direction de Valery Gergiev, Domingo a retrouvé Hermann sur la scène du Wiener Staatsoper, les viennois l’y attendaient avec impatience.

Pour cette série de quatre représentations, le choix s’est porté sur la mise en scène de Kurt Horres, créée en 1982, date depuis laquelle La Dame de Pique n’était pas réapparue. Les décors et costumes sombres de Ernst Dunshirn plongent la scène dans des teintes grises éclairées par des lumières crues et blafardes. De cette grisaille, où la fatalité est immanente, seules se détachent la robe blanche de la tendre Lisa ainsi que la robe rouge du spectre de la Comtesse.

Le timbre désormais assez clair de Rita Gorr surprend de prime abord dans la Comtesse, rôle écrit pour une mezzo mais où de grandes sopranos dramatiques comme Régine Crespin se sont illustrées, mais que d’émotions et quels déconcertants piani dans " je crains de lui parler la nuit ". Le grave se projette avec difficulté mais le timbre a conservé son impériosité. Galina Gorchakova, en dépit de superbes moyens vocaux, donne difficilement une âme à l’héroïne. Sa Lisa semble trop mature -ou trop absente ?. Où sont la naïveté, la fragilité, la passion de la jeune fille que son amour pour Hermann va conduire au suicide ? Sergej Leiferkus en Comte Tomsky témoigne d’une belle musicalité et rend fascinant le récit des cartes. Dmitri Hvorotovsky campe un Prince Yeletsky plein d’assurance qui séduit tant scéniquement que par un sens du phrasé dont la plus belle illustration est donnée par l’aria, à l’adresse de Lisa, de la première scène du second acte ; l’accueil enthousiaste du public fut éloquent à cet égard.

D’emblée, Domingo dessine un Hermann désespéré, qui erre sur les places, dans les salons de Saint-Petersbourg. L’obsession des cartes est déjà inscrite sur son visage, dans cette souffrance qu‘il exprime dès le premier acte, en dépit de son amour pour Lisa ; elle ne fera que croître jusqu’à le conduire à la rejeter et le consumera lors de l’ultime partie avec le Prince Yeletsky. On ne peut qu’être admiratif du soin extrême que le ténor espagnol apporte à la diction et saluer son incarnation psychologique du héros de Pouchkine. Herwig Pecoraro et Rudolf Mazzola venaient compléter cette brillante distribution de même que la Pauline de Svetlana Serdar, mezzo un peu trop léger pour être réellement à l’aise dans ce rôle. Les choeurs de l’Opéra de Vienne ont, une nouvelle fois, été excellents. Seiji Ozawa a imprimé une tension extrême dans sa lecture de l’oeuvre, respectant toujours avec scrupule un bon équilibre entre la fosse et le plateau, et faisant ressortir avec acuité la malédiction des cartes. Sa direction a remporté une adhésion légitime et il a été un des grands triomphateurs de la soirée.



Laurence Varga

 

 

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