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L’empire du juste milieu

Paris
Salle Gaveau
12/10/2009 -  
Maurice Ravel : Sonatine – Miroirs
Johannes Brahms : Intermezzi, opus 117 – Danses hongroises nº 1 à n° 10, WoO 1

Jue Wang (piano)


Jue Wang



Encore un jeune pianiste chinois? A vingt-cinq ans, Jue Wang, même s’il est moins extraverti et controversé que Lang Lang, son célèbre aîné de deux ans, est davantage que cela, ne serait-ce que par un palmarès impressionnant: cinquième prix au concours Gina Bachauer de Salt Lake City (2005), puis premier prix aux concours Maria Canals de Barcelone (2005) et Paloma O’Shea de Santander (2008). C’est à l’occasion de cette dernière compétition qu’il s’est également vu remettre un prix par la Fondation Gulbenkian et c’est pourquoi son récital était présenté salle Gaveau par le Centre culturel Calouste Gulbenkian de Paris.


Première partie intégralement ravélienne, débutant par la Sonatine (1905), un tantinet négligée au sein de son œuvre pianistique. Mais Jue Wang y met bien plus que l’ironie d’un pastiche à la Satie: de la tendresse et de la nostalgie, avec un «Mouvement de menuet» qui annonce déjà Le Tombeau de Couperin. Dans les Miroirs (1905), on apprécie une précision dépourvue de sécheresse («Noctuelles»), une élégance jamais prise en défaut, des traits qui ne sont pas noyés sous la pédale («Une barque sur l’océan»), une capacité à créer des atmosphères («Oiseaux tristes»), mais aussi à chanter avec chaleur («La Vallée des cloches»). Seul un «Alborada del gracioso» manquant de rugosité et de mordant, prudent dans sa façon de ralentir pour mieux négocier les obstacles, met à jour quelques limites.


Seconde partie intégralement brahmsienne, s’ouvrant sur les trois Intermezzi de l’Opus 117 (1892): treize ans seulement avant Ravel, mais c’est un siècle qui les sépare, d’autant que Jue Wang, optant pour un juste milieu refusant les effusions et les abîmes, voit encore dans ce Brahms ultime l’héritier de Schumann plus que le «progressiste» salué quelques décennies plus tard par Schönberg. C’est le compositeur lui-même qui a adapté pour piano seul les deux premiers cahiers, à savoir les dix premières, de ses Danses hongroises (1852-1869) originellement écrite pour piano à quatre mains. Le résultat est d’une difficulté exceptionnelle et ne tombe pas nécessairement sous les doigts: hésitant avant d’aborder certains traits, le pianiste préfère parfois assurer que prendre des risques, mais ne s’en révèle pas moins capable d’affronter les nombreuses chausse-trappes de la partition, bien que jouant vite, voire très vite. Enchaînées presque sans interruption, comme le reste du programme, ces dix danses passent donc comme un éclair, guère plus «hongroises» que l’«Alborada» n’avait été espagnol: au moins évacue-t-il toute facilité ou vulgarité, sachant tour à tour charmer (Septième) ou impressionner (Huitième).


Il offre en bis un étourdissant Grand galop chromatique (1838) de Liszt puis, se souvenant sans doute que c’est la Fondation Albéniz qui parraine le concours de Santander, un exquis «Tango», deuxième des six «feuilles d’album» d’Espana (1890) d’Albéniz.


Le site du Centre culturel Calouste Gulbenkian



Simon Corley

 

 

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