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Des effets inattendus de la tomate méridionale

Marseille
Opéra
11/29/2009 -  
Georges Bizet: L’Arlésienne (Suites n° 1 et n° 2)
Hector Berlioz: Symphonie Fantastique, opus 14

Orchestre philharmonique de Marseille, Jean-Claude Casadesus (direction)


J.-C. Casadesus



Nous avions déjà beaucoup apprécié cet automne la qualité de l’Orchestre Philharmonique de Marseille lorsqu’il officie dans la fosse de l’Opéra, dans des partitions aussi exigeantes que Manon Lescaut de Puccini (lire ici) ou Der Rosenkavalier de Richard Strauss (lire ici). Réuni au grand complet sur la scène du même opéra, sous la direction de Jean-Claude Casadesus, il nous a à nouveau étonnés par son niveau d’excellence, surtout quand on songe qu’il s’agit d’un ensemble essentiellement financé par une municipalité, puisque l’orchestre régional en titre qui perçoit les subventions ministérielles est celui de Nice. La discipline de groupe s’avère impeccable, et les cordes sonnent de façon plus soyeuse et raffinée que celles de l’Orchestre national de Montpellier tel qu’entendu quelques jours plus tôt à Aix-en-Provence (lire ici). Comme on est loin du « débraillé » presque systématique des prestations du Philharmonique de Radio France avec Myung Whun Chung !


Sous la baguette inspirée de Jean-Claude Casadesus, les deux Suites de L’Arlésienne de Bizet ont résonné avec beaucoup de fougue et d’éclat pour le Prélude ou la Farandole conclusive, mais aussi beaucoup de ferveur dans l’Adagietto et l’Intermezzo, tout deux d’une délicatesse vaporeuse. Le délicieux grand solo de flûte du Menuet, accompagné par les deux harpes, a valu au soliste les acclamations méritée du public. Il n’y a guère que le complexe « Carillon » où les musiciens ont semblé parfois un peu tendus, comme sur le fil, de même que dans la reprise du thème d’« Un bal » de la Symphonie Fantastique.


Car c’est dans le chef-d’œuvre de Berlioz que les musiciens marseillais ont pu montrer tout leur savoir-faire, galvanisés par un Casadesus très charismatique, dont c’est un des chevaux de bataille. La « Scène aux champs » a révélé toute son expressivité poignante, et la « Marche au supplice » comme le « Songe d’une nuit de sabbat » ont été aussi explosifs et tonitruants qu’espéré.


La perfection de ce concert est d’autant plus remarquable que la phalange opérait une expérimentation inédite : intégrer une dizaine de jeunes musiciens en formation dans les conservatoires de la région. Cette pratique est développée de longue date par l’astucieux Philippe Bender avec son Orchestre de Cannes, ce qui lui permet d’étoffer son effectif pour pouvoir interpréter de la sorte jusqu’à Mahler, et pour des concerts annoncés comme « pédagogiques ». Mais décidé un peu tardivement par la mairie, ce challenge apparaissait risqué, tant est fragile l’équilibre d’un orchestre. Jean-Claude Casadesus a accepté de relever le défi et s’en sort avec les honneurs.


Enthousiasmés, les Marseillais échafaudaient des complots pour enlever le chef lillois, afin de le conserver sur place, car l’orchestre manque d’un chef attitré. Un vieil habitué m’a livré une explication très personnelle du niveau d’excellence des prestations locales : la tomate. Le public marseillais est réputé pour être difficile, et par le passé n’a pas hésité à souvent sanctionner les mauvais musiciens, surtout les chanteurs, de jets de solanacées ! A l’inverse, il sait honorer ceux qui le méritent : Casadesus a été longuement ovationné, ainsi que chaque pupitre de l’Orchestre. Il n’y a pas que l’O.M. qui déchaîne les passions dans la Cité phocéenne !



Philippe van den Bosch

 

 

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