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Comment peut-on être Hongrois?

Paris
Cité de la musique
11/17/2009 -  
Béla Bartók : Táncsvit, sz. 77
Franz Liszt : Concerto pour piano n° 1, S. 124 – Hungaria, S. 103
Zoltán Kodály : Galántai Táncok

Jean-Efflam Bavouzet (piano)
Orchestre du Conservatoire de Paris, Jean Deroyer (direction)


J. Deroyer (© Pierre Johan Laffitte)



«Identités hongroises»: la saison de la Cité de la musique, s’inscrivant dans une thématique intitulée «Un monde, des mondes», ne pouvait ignorer la richesse de ce pays, au-delà même de ses seuls ressortissants – il suffit de penser à l’influence assumée par un compositeur de l’importance de Brahms. Une fois de plus, ce cycle de manifestations de la Cité de la musique s’oriente tout azimut: une table ronde consacrée aux musiques paysannes et tsiganes, un spectacle jeune public, deux séances de chants et danses tsiganes et, bien sûr, cinq concerts «classiques», dont un intéressant programme de l’Orchestre du Conservatoire de Paris.


Chantre du folklore magyar, Bartók, curieux de l’ensemble des traditions populaires, était tout sauf un patriote obtus: bien que conçue pour une célébration officielle (le cinquantenaire de la ville de Budapest), sa Suite de danses (1923) ne se cantonne pas aux sources nationales, mais s’inspire également des musiques roumaines et arabes. Guère plus âgé que ses musiciens, Jean Deroyer (né en 1979), sans arrondir les angles mais non sans séduction, en donne une lecture objective à laquelle on pourra simplement reprocher de ne pas enchaîner attaca les différentes parties. Le début de la seconde partie de soirée vient en écho à l’œuvre de Bartók: dans les Danses de Galánta (1933), son ami Kodály, également dans le cadre d’une circonstance solennelle (les 80 ans de l’Orchestre philharmonique de Budapest), rend hommage au métissage culturel de cette ville (aujourd’hui située en Slovaquie), où il passa une partie de son enfance. Toujours aussi précis, actif et intransigeant, sans brider pour autant les excellentes interventions des bois solistes, le chef français ne s’autorise pas davantage de dérapages dans ces pages où la couleur locale peut aisément verser dans la carte postale.


S’il en est un pour qui les frontières dans cette partie de l’Europe avaient un caractère tout relatif, c’est bien Liszt, les deux parties du concert s’attachant à illustrer chacune l’un des deux aspects du personnage. D’abord le virtuose cosmopolite: flamboyant mais pas histrion, Jean-Efflam Bavouzet revendique crânement tout l’héroïsme et le brio du Premier concerto (1855), jouant pleinement le jeu de la bravoure romantique, tout en laissant s’exprimer le début de l’Adagio comme un nocturne de Chopin. «Nocturne», tel est précisément le sous-titre d’En rêve (1885) que le pianiste français offre en bis, courte pièce appartenant à cette si étonnante ultime période lisztienne. Mais Franz (ou François) l’infatigable voyageur était également Ferenc, farouche défenseur de l’identité hongroise: peu connu, Hungaria (1854), son neuvième poème symphonique, n’est pas non plus le plus typique de son écriture, peut-être parce qu’il se contraint à des figures imposées nécessairement un peu convenues – solo de violon tzigane, fanfares militaires tel un petit 1812 et liesse finale sur un thème populaire que l’on retrouve dans la Troisième danse hongroise de Brahms. Mais Deroyer et l’Orchestre du Conservatoire de Paris défendent ce manifeste nationaliste avec toute la vigueur et la conviction requises.


Le site de Jean Deroyer
Le site de Jean-Efflam Bavouzet



Simon Corley

 

 

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