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Haendel au piano

Paris
Athénée - Théâtre Louis-Jouvet
11/16/2009 -  
George Frideric Haendel : Suites en mi mineur, HWV 438, sol mineur, HWV 439, en mi majeur, HWV 430, et en fa mineur, HWV 433
Jean-Philippe Rameau : Suite en la mineur du Premier livre de pièces de clavecin (extraits)
Domenico Scarlatti : Sonates en ut majeur, K. 159, en fa mineur, K. 466, en ré mineur, K. 1, et en la majeur, K. 208

Racha Arodaky (piano)


R. Arodaky


A l’occasion de la sortie chez Air Note de son disque consacré à six Suites extraites des deux premiers volumes (1720 et 1733) publiés par Haendel, Racha Arodaky débute son récital à l’Athénée avec deux Suites (en mi mineur et sol mineur) tirées du second volume et le referme sur deux Suites (en mi, avec ses célèbres variations sur L’Harmonieux forgeron, et fa mineur), plus denses et développées, extraites du premier volume.


Haendel au piano? Voilà qui ne choquera plus personne à une époque où de plus en plus nombreux sont les artistes qui réinvestissent la période baroque, tels Murray Perahia, dont la pianiste française a suivi l’enseignement, dans Bach ou Alexandre Tharaud dans Couperin. Il ne s’agit évidemment pas pour eux d’imiter leurs glorieux aînés, guère regardants sur l’exactitude stylistique, mais s’ils ont tout naturellement tiré parti de l’apport des clavecinistes dans ce domaine, leur travail n’aurait évidemment aucun sens s’il ne s’efforçait que d’imiter l’instrument pour lequel ces musiques ont été écrites.


Telle est également l’approche de Racha Arodaky, qui fait fi de l’apparat et des alanguissements dont les grands anciens entouraient ces pages: les rythmes pointés s’imposent avec fermeté et les gigues avec mordant, mais elle ne surarticule pas pour autant comme certains se croient obligés de le faire. C’est qu’elle ne renonce nullement au confort sonore du piano moderne, avec un toucher déployant des trésors de subtilité, une pédale bien dosée et un legato de velours, tirant du Steinway des sonorités étonnamment fondues, presque cotonneuses, à peine perturbées par le léger froufrou de sa robe marron glacé.


Si elle conserve la partition sous les yeux, ce n’est pas pour en faire un paravent derrière lequel elle se dissimulerait avec la raideur intimidée et l’austère prudence qui servent trop souvent lieu d’alibi dans ce répertoire: elle s’attache constamment à donner sens aux notes, certes pas de façon littérale, sans doute – on entend parfois déjà Scarlatti ou même Schumann – mais toujours avec musicalité, tant son souci du chant et de la respiration ressort à chaque instant. Très soignée dans le détail, son interprétation n’en suit pas moins une ligne directrice et parvient d’autant mieux à contourner l’écueil de la monotonie qu’elle imprime de subtiles nuances aux reprises, et pas seulement en termes d’ornementation.


Les quatre premiers numéros du Premier livre de pièces pour clavecin (1706) de Rameau ne sont pas moins réussis: par rapport à certaines des Suites de Haendel, le texte offre davantage de possibilités expressives et Racha Arodaky en profite pour varier encore plus son jeu: l’étonnant Prélude évoque ainsi quelque fin de Voyage d’hiver schubertien et la puissance se déploie sans brutalité (Courante). Avec quatre Sonates de Scarlatti, éclaircie bienvenue dans un climat jusqu’alors assez sombre, elle revient au programme d’un précédent enregistrement paru voici plus de trois ans chez Zig Zag Territoires: chacun de ces joyaux est serti à la perfection, la K. 159 crépitant à souhait, la K. 466 recueillie comme un prélude de choral de Bach revu par Busoni, la K. 1 étourdissante à force de tourbillonner et la K. 208 exemplaire dans le cantabile.


Après cette (grosse) heure donnée d’une seule traite, Racha Arodaky enchaîne sur quatre bis très contrastés, commençant dans le même esprit, avec le Menuet en sol mineur de la Suite en si bémol (qui ouvre le deuxième volume). En revanche, pour l’air de la Suite en ré mineur (du premier volume), la native de Damas s’adjoint la participation du Tunisien Fadhel Messaoudi, qui alterne chant classique arabe a cappella, comme un prélude et un postlude à cette pièce, et récitation d’un poème pendant que la pianiste joue. Changement radical de cap ensuite, puisqu’elle s’accompagne dans Do it again (1922), un standard de Gershwin que Marylin Monroe a contribué à populariser, ici plus dit et susurré que véritablement chanté: brève incartade avant le retour à la case baroque pour conclure la soirée, avec une transcription de l’Andante de la Deuxième sonate pour violon de Bach.


Le public parisien pourra retrouver Racha Arodaky dès le 30 janvier prochain à Pleyel avec l’Orchestre Pasdeloup dans une œuvre d’un tout autre genre, le Premier concerto de Liszt.


Le site de Racha Arodaky



Simon Corley

 

 

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