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Droit de Cité pour Xenakis et Stravinsky

Paris
Cité de la musique
10/16/2009 -  
Igor Stravinsky : Suite n°2 pour petit orchestre – Capriccio pour piano et orchestre – Symphonie de psaumes
Iannis Xenakis : Synaphaï – Metastasis

Georges Pludermacher (piano)
Chœur de l'Orchestre de Paris, Orchestre national d'Ile-de-France, Yoel Levi (direction)


G. Pludermacher (© Christian Chamourat)


Xenakis et Stravinsky : deux exilés, deux apatrides en quête d’universalité, comme le dit le programme, se référant à la Grèce antique et refusant la filiation romantique. Le cycle organisé par la Cité de la musique, quitte à opérer certains rapprochements un peu spécieux, associe ces deux compositeurs phares du vingtième siècle, nous offrant surtout de beaux concerts, comme celui de l’Orchestre national d’Ile-de-France. Chef principal de la formation, Yoel Levi manque d’abord un peu d’humour dans la Suite n°2 pour petit orchestre de Stravinsky : Polka trop sérieuse, Valse sans piquant, Galop aux cordes sèches. Mais le Capriccio pour piano et orchestre montre un orchestre moins crispé, beaucoup plus à l’aise pour accompagner un Georges Pludermacher remarquable de précision rythmique, de verve volontiers gouailleuse, au jeu mordant mais sans sécheresse, à l’unisson d’une direction pleine d’élan motorique dans les mouvements extrêmes, en particulier dans la toccata finale, qui ne se laisse pas prendre au piège de la sentimentalité dans l’ambigu Andante rapsodico.


Non moins remarquable est le pianiste dans Synaphaï de Xenakis, qu’il créa en 1971 au festival de Royan : il le joue comme du Debussy, dont il reste un des meilleurs interprètes français, avec une puissance dans les attaques qui n’est pas dureté, un éventail de couleurs épousant les glissements d’une matière sonore en perpétuelle évolution à l’orchestre, incroyable d’aisance dans les solos. Grâce à un travail en profondeur, chef et orchestre offrent une lecture à la fois colorée et construite, presque narrative, d’une grande force évocatrice, faisant de la musique un grand flux à la fois changeant et continu, fidèles en cela à l’idée du compositeur. Pavé dans la mare sérielle, première œuvre pour orchestre de Xenakis, Metastasis est aujourd’hui devenu un classique, plus de cinquante ans après sa création en 1955, reconnaissable à ses glissandi de cordes où chacun joue une partie différente, à ses incessantes mutations chromatiques : que l’Orchestre d’Ile-de-France montre, ici aussi, une telle plasticité, récompense les efforts de Yoel Levi qui, loin d’en proposer une interprétation abstraite, cérébrale, clinique, habite cette musique et lui donne de la vie.


Il ne s’avère pas plus cérébral dans la Symphonie de psaumes de Stravinsky, dont il contredit finalement le propos : là où le compositeur revendiquait l’objectivité de sa musique, il assume une interprétation presque romantique, empreinte de ferveur et de mystère, d’une sombre solennité dans le premier psaume, d’une grandeur quasi brucknérienne dans le deuxième, d’une puissance dramatique dans le troisième. Le chœur manque d’abord d’équilibre entre les voix masculines et les voix féminines, puis retrouve son homogénéité à partir du deuxième psaume, alors que l’orchestre trahit, lui, quelques faiblesses pour assumer la partie rapide du troisième. Trahison ? Peu importe : le défi est brillamment relevé. A défaut d’être le plus médiatisé, c’est l’un des concerts les plus intéressants de ce début de saison.


Le site de Georges Pludermacher



Didier van Moere

 

 

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