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Coup de fouet pour l'orchestre du Capitole

Toulouse
Halle aux Grains
05/06/1999 -  
Rodion Chedrine : Adagietto de la Suite de Carmen
Franz Liszt : Les Préludes
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 8

Orchestre du Capitole, Djansug Kakhidze (direction)

La prestation très médiocre de l'orchestre du Capitole dans l'actuelle production de la Walkyrie pouvait faire naître des inquiétudes sur son niveau actuel, heureusement vite démentie par l'excellente qualité de ce concert, qui prouve que la responsabilité du ratage est à imputer surtout à la médiocrité du chef Pinchas Steinberg. En effet, les musiciens toulousains ont montré ici toutes les qualités qui leur faisaient défaut dans la fosse : puissance, alacrité, mordant. Soyons franc, la première partie du concert inspirait quelques doutes sur les conceptions musicales du chef, surtout dans des Préludes de Liszt désarticulés, aux rubatos excessifs et parfois déroutant pour les musiciens. Pourtant, même criticables, ces partis pris n'étaient pas sans intérêt par l'impression de grandeur dramatique, un peu pompeuse il est vrai, qui s'en dégageait. Mais la Symphonie n° 8 de Chostakovitch est venu balayer toutes les réticences. On retrouvait, certes, des postulats interprétatifs semblables, rubatos hyperexpressifs, contrastes exacerbés, mais intégrés dans une approche globale d'une toute autre tenue et d'un tout autre achèvement. Cette oeuvre désespérée, déchirée, prenait toute sa dimension tragique grâce à la remarquable cohésion d'un orchestre galvanisé. Rarement l'orchestre du Capitole aura sonné avec une telle puissance et un tel feu, exposant une palette dynamique inouïe et, surtout, des sonorités grinçantes et agressives dont on ne l'aurait pas cru capable après le mol ennui de tant de prestations récentes. Grand coup de chapeau à Djansug Kakhidze, que l'on espère revoir une troisième fois à Toulouse (il était déjà venu en 1994) et aux musiciens qui ont su prouver que, portés par l'enthousiasme d'un chef, ils sont capables de se surpasser.

À signaler, pour les amateurs de peplums musicaux, que la firme Melodiya-BMG vient de rééditer dans sa collection économique "Twofer" un enregistrement où ce chef dirige avec tout autant de flamme le ballet Gayane d'Aram Khatchaturian.



Laurent Marty

 

 

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