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Une modernité très tempérée

Bucharest
Athénée roumain
09/03/2009 -  
Sigismund Toduta : Concertul n°2 pentru orchestra de coarde
Mihai Mitrea Celarianu : Par ce fil d’or, pentru tenor, bariton si orchestra
Calin Ioachimescu : Concertul pentru saxofon si orchestra ; Theodor Grigoriu : Concertul pentru vioara si orchestra « Trinity » din ciclul « Bizant dupa Bizant »

Ovidiu Daniel (ténor), Cristian Hodrea (baryton), Daniel Kientzy (saxophone), Sherban Lupu (violon)
Filarmonica « Transilvania » Cluj, Sascha Goetzel (direction)


S. Goetzel (© Grigore Popescu)


Alors que les Français connaissent surtout Horatio Radulescu et Anatol Vieru, le festival Enesco permet de mesurer la diversité et le dynamisme de la musique contemporaine roumaine, au cours de concerts gratuits constituant des temps forts du festival. Celui de l’Orchestre de Cluj illustrait plutôt les limites de la modernité de certains compositeurs, moins novateurs qu’héritiers. Dans le Deuxième de ses quatre Concertos pour orchestre à cordes (1972-1973), Sigismund Toduta (1908-1991), qui étudia la composition avec Pizzetti et le piano avec Casella, prolonge Bartók et Enesco, dont il cite la célèbre Sonate dans le caractère populaire roumain, montrant moins d’inspiration que de savoir-faire. L’occasion, en tout cas, d’apprécier l’homogénéité et la rondeur des cordes de l’orchestre transylvanien, dirigé avec autant de souplesse et de précision par le Viennois Sascha Goetzel.



Par ce fil d’or de Mihai Mitrea Celarianu (1935-2003), qui s’installa à Paris où il fut l’élève de Pierre Schaeffer, constitue la dernière partie d’une trilogie composée entre 1991 et 1993 : commande française, elle fait suite à La Reine manquante et Pin’s 1. Un ténor et un baryton récitent – le baryton se voyant confier quelques parties chantées – des vers de Laurent de Médicis et de Goethe (Elégie de Marienbad) : le titre de la partition se réfère à l’alchimie, à une recherche de l’absolu qui rejoint la quête amoureuse de Don Juan, d’où la citation récurrente de quelques mesures du final de l’acte I de l’opéra de Mozart, alors que la musique, entendue pour la première fois à l’Eglise des Billettes en 1994, fait penser aux années 1970.



C’est le Concerto pour saxophone (1994) de Calin Ioachimescu, proche du courant spectral, qui incarne le plus la modernité. Il est vrai que cet ingénieur du son né en 1949 – il ne peut consacrer tout son temps à la composition - s’instruisit à Darmstadt et fut accueilli par l’Ircam dans les années 1980. Comme Mitrea Celarianu, il fut joué à Paris et le festival « Présences » lui commanda Les Eclats de l’abîme, pour saxophone, contrebasse et bande magnétique, créé en 1995 avec déjà Daniel Kientzy en soliste. Celui-ci, dans le Concerto, impressionne par sa virtuosité, jouant parfois simultanément de deux saxophones, émettant des sonorités inattendues, voire étranges, accompagné par un orchestre assez inventif – la phalange de Cluj, toujours remarquablement conduite par Sascha Goetzel, confirme ses qualités. Kientzy incarne en Roumanie le saxophone contemporain : plusieurs compositeurs ont écrit pour lui (un CD existe, chez Nova Musica).


Le Concerto pour violon et orchestre « La Trinité » de Theodor Grigoriu, né en 1926 et plus connu comme auteur de musiques de film, paraît du coup un peu fastidieux, surtout dans son troisième mouvement, et n’est sans doute pas l’œuvre la plus représentative de son auteur – la Sinfonia ligurgica, initialement prévue, n’a pu être donnée faute de chœur. Malgré le talent de Sherban Lupu, qui acheva la partie de violon du Caprice roumain d’Enesco, l’inspiration byzantine de cette partition, tirée du cycle Byzance après Byzance, se dilue dans une écriture trop convenue dans son langage et dans le traitement de l’orchestre.


Le concert a lieu dans la superbe salle de l’Athénée, conçue pour accueillir environ huit cents personnes par l’architecte français Albert Galleron et inaugurée en 1888. Au dessous de la coupole, une fresque retrace l’histoire de la Roumanie. Un des hauts lieux de la musique roumaine : ce fut pendant longtemps « la » salle de concert de Bucarest, où Enesco lui-même se produisit souvent, comme soliste ou comme chef.



Didier van Moere

 

 

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