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La fin d’un siècle Bruxelles
La Monnaie
09/17/2009 - et le 19* septembre 2009
Gabriel Fauré: Pelléas et Mélisande, opus 80
Ernest Chausson: Poème de l’amour et de la mer, opus 19
Claude Debussy: L’Enfant prodigue
Measha Brueggergosman (soprano/Lisa), Andrew Richards (Azaël), Werner Van Mechelen (Siméon)
Orchestre symphonique de la Monnaie, Marc Soustrot (direction)
L’Orchestre symphonique de la Monnaie a débuté sa saison de concerts le 6 septembre avec la Sixième Symphonie de Mahler, première étape de la quasi-intégrale de l’œuvre du compositeur répartie sur trois ans et partagée avec l’Orchestre national de Belgique, le Philharmonique de Liège et deFilharmonie. Comme elle ne dispose toujours pas de directeur musical, la formation se produira avec des chefs invités : Gerd Albrecht, Marcus Creed, Paul Daniel, Patrick Davin, Hartmut Haenchen, Lothar Koenigs, Mark Minkowski, Lawrence Renes, Julian Reynolds, Jérémie Rhorer ou encore Christophe Rousset. Le temps d’un concert donné à deux reprises, elle se produit non dans la fosse mais sur la scène du théâtre, devant le temple chinois de la production de Semele, actuellement à l’affiche.
Pour ce programme « fin de siècle », l’orchestre retrouve Marc Soustrot qui le dirige régulièrement lors des sessions chant du Concours Reine Elisabeth. La Suite de Pelléas et Mélisande (1898) de Fauré place la soirée sous d’excellents auspices. Le chef obtient des cordes, rivalisant de finesse, de fraicheur et de lyrisme, une transparence qui offre aux bois solistes un écrin idéal. Autant de nuances, de clarté et de juste mesure ne sauraient évidemment supporter la moindre toux...
Qu’attend la Monnaie pour monter la rare Pénélope ? Elle s’illustre pourtant depuis longtemps dans la musique française et ne néglige pas les raretés ; pour preuve, Le Roi Arthus de Chausson représenté il y a six ans. C’est avec le Poème de l’amour et de la mer (1882-1890), justement, que la soirée se poursuit. Parions que Measha Brueggergosman, qui débute à La Monnaie, ne tardera pas à asseoir sa réputation sur le Vieux Continent. La soprano canadienne, qui manifeste de profondes affinité avec la mélodie, satisfera les puristes – diction soignée, style étudié, aisance certaine – tandis que les amateurs de voix se délecteront du timbre riche et contrôlé de cette chanteuse sincère et profondément musicienne.
A quoi reconnaît-on un compositeur génial ? Au fait que même les œuvres de jeunesse écrites pour un concours suscitent l’intérêt. A vingt-deux ans, Debussy remporta le premier Prix de Rome avec L’Enfant prodigue (1884), scène lyrique sur un livret (imposé) d’Édouard Guinand écrite lors d’une mise en loge de trois semaines. Certes, l’écriture ne se distingue pas par une folle audace – il convenait de ne point offusquer le jury très conservateur de l’époque – mais il est fascinant d’y relever ce qui assurera la gloire du musicien, en particulier un art consommé de l’orchestration et l’utilisation de tonalités singulières. Measha Brueggergosman revient sur scène, dans une autre toilette tout aussi scintillante, et rayonne, une fois de plus, par son charisme, au point de faire oublier les deux autres chanteurs, dont l’excellent Werner Van Mechelen (Siméon). Un nom certes un peu difficile à prononcer mais néanmoins à retenir.
Le prochain concert de l’Orchestre symphonique de la Monnaie se tiendra les 6 et 8 novembre à la Salle Henry Le Bœuf : sous la direction de Lawrence Renes, qui se chargera, en octobre, de la reprise de la production du Rake’s Progress créée en 2007, il se produira dans Un survivant de Varsovie de Schönberg et Ein Deutsches Requiem de Brahms. Quant à Marc Soustrot, il retrouvera l’orchestre le 23 mai pour le concert en hommage à José van Dam qui fera ses adieux à la scène l’année prochaine.
Le site de la Monnaie
Sébastien Foucart
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