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Saint-Céré

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Sans orchestre

Saint-Céré
Prudhomat (Château de Castelnau-Bretenoux)
08/12/2009 -  et 13 (Tulle), 15 (Cahors) août 2009
Carl Orff : Carmina burana

Karine Godefroy (soprano), Eric Vignau (ténor), Matthieu Lécroart*/Jean-Michel Ankaoua (baryton)
Chœur du stage de chant choral de Saint-Céré, Patrick Hilliard (chef de chœur, piano), Sandrine Abello (chef de chant, piano), Marion Frétigny, Michel Ventula, Geoffrey Saint-Léger, Sylvain Borredon (percussions), Dominique Trottein (direction)



M. Lécroart



Depuis 1991, le Festival de Saint-Céré était associé au stage de chant choral de Martel. Cette année, le stage s’est déplacé à Saint-Céré même, mais son principe n’a pas changé: à l’issue d’une dizaine de jours de travail, à raison de deux séances de travail quotidiennes de trois heures auxquelles s’ajoutent des séances individuelles, les choristes se produisent à trois reprises dans le cadre de la programmation du festival, cette année au château de Castelnau, puis à la cathédrale de Tulle et dans la cour Caviole à Cahors.


En dépit du lourd contexte esthético-historique entourant leur naissance, les Carmina burana (1936) se classent au top ten et peut-être même au top five des chorales d’amateurs. Ils offrent également un succès populaire garanti, en particulier durant les festivals de l’été, depuis la Provence (voir ici) jusqu’au Pays basque (voir ici). La «cantate scénique» de Carl Orff est cependant souvent réduite à sa seule dimension vocale et rythmique: non seulement les réalisations scéniques sont rarissimes mais l’orchestre est fréquemment remplacé par un ensemble comprenant deux pianos et des percussions. Cette instrumentation, parfois présentée un peu abusivement comme la «version originale», a toutefois le mérite de créer des sonorités qui évoquent inévitablement Noces de Stravinski et de replacer ainsi l’œuvre dans son contexte, celui d’une réaction contre le (post)romantisme. La difficulté de tenir longuement les notes avec un tel effectif incite à adopter des tempi plus vifs qu’à l’ordinaire, d’autant que la direction de Dominique Trottein se fait volontiers incisive dans les pages rapides («Fortune plango vulnera», «Estuans interius», «Veni, veni, venias», «Tempus est iocundum», qui sera bissé).


Si certains numéros («In taberna quando sumus», «Circa mea pectora») résistent mieux que d’autres à cette adaptation, les charmes de l’orchestration n’en sont pas moins perdus, tel le basson introductif dans «Olim lacus colueram», chanté, du haut d’une galerie découverte, par Eric Vignau en voix de fausset avec sa truculence coutumière. Au demeurant, la frustration en termes de timbres et de couleurs tient bien plus à la piètre qualité des instruments qu’à la valeur des pianistes, Sandrine Abello et Patrick Hilliard, par ailleurs respectivement chef de chant et chef de chœur. Les 130 choristes sont par ailleurs encadrés par trois chefs de pupitres et un professeur de technique vocale (Béatrice Burley): la proportion hommes/femmes paraît encore plus déséquilibrée qu’à l’accoutumée mais, surtout, la justesse et la diction laissent parfois à désirer, tandis que la mise en place s’améliorera sans nul doute au fil des représentations. Cela étant, il serait difficile d’en vouloir par exemple aux sopranos, confrontées aux redoutables aigus de «Floret silva nobilis», d’autant qu’elles se substituent avec beaucoup de conviction au chœur d’enfants, notamment dans «Amor volat undique». Et si la timbalière devra veiller à s’accorder de façon plus discrète, les quatre percussionnistes – trois jeunes musiciens réunis autour de Michel Ventula, soliste au Capitole de Toulouse – apportent à l’ensemble une contribution aussi impeccable que motivée.


La cour du château de Castelnau favorise excessivement, dans les tutti, les percussions au détriment de la masse chorale et, davantage encore, des pianos, qui en deviennent difficilement audibles. «O fortuna», qui sera évidemment lui aussi bissé, et «Ave formosissima» perdent ainsi une grande partie de leur impact. Mais l’acoustique a le mérite de mettre en valeur les solistes et de ne pas les contraindre à forcer la voix. La soprano Karine Godefroy passe néanmoins en force dans «Dulcissime» et éprouve quelques difficultés à tenir les notes dans «In trutina mentis», mais son timbre et son style opératique ne manquent pas de séduction. Dans le public, Burcu Uyar, qui est actuellement Violetta dans La Traviata (voir ici), aura certainement prêté une oreille attentive à cette partie qu’elle a elle-même souvent interprétée, mais aussi pris du plaisir à retrouver son partenaire à la scène dans le rôle de Germont, Matthieu Lécroart. Car le baryton français est à nouveau la vedette de la soirée: non seulement on ne perd pas une miette des paroles, mais il est à l’aise dans tous les registres, campant avec superbe un abbé aviné («Ego sum abbas») et négociant parfaitement la tessiture très étendue de «Dies, nox et omnia».


Le site du château de Castelnau-Bretenoux



Simon Corley

 

 

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