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Yes, he Can!

Paris
Orangerie de Bagatelle
07/05/2009 -  
César Franck: Prélude, Fugue et Variation, opus 18
Frédéric Chopin : Scherzo n° 1, opus 20 – Sonate n° 2 «Funèbre», opus 35
Karol Szymanowski : Prélude et Fugue en ut dièse mineur

Toros Can (piano)


T. Can (© Hüseyin Eryilmaz)


L’un des atouts du Festival «Chopin à Paris» est de programmer des pianistes qu’on a peu l’habitude d’entendre jouer Chopin. C’est le cas de Toros Can, qu’une victoire au Concours de piano d’Orléans en 1998 suivie de remarquables disques Ligeti et Crumb (L’Empreinte digitale) ont trop vite rangé dans la catégorie réductrice de «spécialiste de la musique contemporaine». Sa venue à Bagatelle constituait en même temps le premier récital d’une série de trois (et d’une résidence à Royaumont) programmée dans le cadre de la «Saison de la Turquie en France», qui vient de débuter et qui se prolongera jusqu’en mars prochain.


Prélude, Fugue et Variation (1863) de Franck, écrit à l’origine pour l’orgue, demeure moins connu que les deux grands triptyques de la maturité (Prélude, Choral et Fugue, Prélude, Aria et Final). Très distant dans le Prélude, Toros Can ne confère pas à la Fugue davantage de séduction et la Variation souffre d’un manque persistant de fluidité du discours. Et comme il a la partition devant lui, tout cela donne fâcheusement l’impression d’un déchiffrage à vue.


Y aurait-il donc une part de vérité dans le cliché du «spécialiste du XXe siècle», technicien froid et raide, incapable de jouer la musique romantique? Le Premier scherzo (1832) de Chopin y apporte immédiatement un cinglant démenti, dès le premier accord, glaçant, et jusqu’au dernier, comme une sentence inéluctable: un ouragan méphistophélique interrompu par un Molto più lento murmuré, presque immobile, s’engouffre entre ces deux portiques terrifiants. C’est dire si cette interprétation aura paru à la fois physique, risquée et extrême, au prix d’une articulation pas toujours très claire et d’une précision aléatoire.


Comme Franck, Szymanowski, au centre de cette vingt-sixième édition du festival, connaissait ses classiques: à l’instar de plusieurs œuvres de la même époque (Deuxième symphonie, Deuxième sonate), le Prélude et Fugue en ut dièse mineur (1909) témoigne de son goût pour les formes fuguées, mais son langage postromantique regarde plus vers Scriabine que vers Reger.


Concluant sur la Deuxième sonate «Funèbre» (1839), Toros Can applique à grande échelle la recette qu’il a précédemment expérimentée dans le Premier scherzo: contraste entre premier thème haletant et second thème très ralenti dans le premier mouvement, privé de sa reprise; Scherzo tout aussi atypique, où les doigts peinent à suivre la pensée, sans que le Trio n’apporte un véritable apaisement. Dépourvue de tout effet de manche, y compris dans une partie centrale toute de simplicité et de fragilité, la «Marche funèbre» progresse avec une rigueur implacable et s’enchaîne directement au Presto final, poudroiement fantomatique dont la modernité ressort ici de façon encore plus frappante qu’à l’accoutumée.


Evoquant (en anglais) la mémoire de Fatma Ceren Necipoglu, décédée dans l’accident aérien survenu le 1er juin dernier entre Rio et Paris, Toros Can interprète en bis la septième («Arpa») des vingt Visions fugitives (1917) de Prokofiev, touchant hommage à cette harpiste née comme lui en 1971 et avec laquelle il enseignait au conservatoire d’Etat de l’Université Anadolu.


Le site de Toros Can
Le site de la Saison de la Turquie en France



Simon Corley

 

 

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