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Les cigales stridulent, la roue tourne

Aix-en-Provence
Théâtre de verdure de Peynier
06/26/2009 -  & 27 juin (Peynier), 29 juin (Château Bas de Mimet), 1er juillet (Carrières de Rognes)
Carl Orff: Carmina burana
Yulia Lysenko (soprano), Orest Sydir, Vitaliy Zagorbensky (barytons), Ion Timofti (ténor)
Ballet, chœur et orchestre de l'Opéra national d'Ukraine, Sergej Naenko (chorégraphie), Vasilly Koval (chef du chœur), Grigori Penteleïtchouk (direction musicale)


G. Penteleïtchouk (© Pascal Illaret)


Ce sont les efforts combinés de trente-quatre municipalités du Pays d'Aix, principalement celles de Peynier, Mimet, et Rognes, qui sont à l'origine du tout jeune Festival des nuits musicales de la Sainte-Victoire. Ici, l'accueil est chaleureux, l'ambiance bon enfant et populaire, dans le meilleur sens des termes. Le prix unique d'entrée s'élève à 34€, et descend même jusqu'à 25€ pour les habitants de ces trois communes. Dans une région de France où le prix des places de festivals devient parfois rédhibitoire (certes les distributions ne sont pas du même niveau), il est rassurant de voir que certaines initiatives, doublées d'efforts immenses et d'un grand dynamisme, permettent d'écouter de la musique pour un prix attractif.


Sous la houlette du directeur artistique et musical, le Franco-Ukrainien Grigory Penteleïtchouk, le corps de ballet, les solistes, le chœur et l'orchestre de l'Opéra national d'Ukraine présentent pour la quatrième édition du festival les Carmina burana en version chorégraphiée au Théâtre de verdure de Peynier en Pays d'Aix. Pourquoi l'Ukraine? hasardera peut-être le lecteur. Parce que des liens profonds d'amitiés et de gratitude, nous explique M. le maire de Peynier dans un discours fleuve, existent entre ces trois villes et la légion ukrainienne parmi laquelle de nombreux soldats sont tombés pour participer à la libération de ce coin de France. Noble façon de remercier un pays. Bravo. Le choix du compositeur, dans ce contexte historique local, peut paraître ironique. S'il est vrai que les Carmina burana furent créés à Francfort pendant le régime nazi, il est aussi vrai que Carl Orff n'a jamais adhéré aux thèses du troisième Reich.


On oublie souvent que les Carmina burana ou "chants de Beuren" - du nom du monastère de Haute-Bavière où ont été retrouvés les manuscrits des poèmes médiévaux sur lesquels Carl Orff composa la musique en 1935 et 1936 - sont une cantate "scénique".
Souvent interprétée en concert, l'œuvre de Carl Orff est donnée ici dans sa version authentique, liant étroitement "musique, mouvement et paroles".


Pas moins de 140 participants contribuent à un spectacle qui ne manque ni de tonus, ni de charme. La chorégraphie, résolument moderne et sensuelle, aux lignes épurées et "images magiques", parvient, en dépit de quelques impérities, à rendre justice au thème central de l'ouvrage, qui est aussi son fil conducteur: les fluctuations de la roue de la fortune.


L'orchestre de l'Opéra national d'Ukraine est dirigé avec une vigueur et un aplomb qui mettent en valeur le caractère direct et chatoyant de l'orchestration. Le rythme, élément fondamental de la partition, est légitimement appuyé et lancinant. Quant au volume sonore, il est traité par Penteleïtchouk avec une dynamique très contrastée, passant du susurrement à peine audible du chœur à l'exubérance tonitruante des cuivres et des percussions. Le chœur, de très bonne qualité, se tire plutôt bien des difficultés posées par la prononciation du vieux français, des moyen et haut allemands, mais surtout du latin où les consonnes se détachent clairement et la finale justement appuyée. La soprano Yulia Lysenko possède une voix claire, irréprochable dans l'aigu, et décoche quelques fort jolies notes dans Cour d'amours, tandis que Orest Sydir et Vitalyi, Zagorbensky (barytons) et Ion Timofti (ténor) sont à la hauteur de leur tâche, tout particulièrement dans l'enivrant In taberna


Cet ensemble musical de qualité est desservi, on s'en doute, par l'acoustique désastreuse d'un théâtre de verdure - au demeurant fort joli - et l'amplification du son parvient à peine à en corriger les défauts. Invitées de dernière minute, quelques gouttes de pluie retardent le début du spectacle, mais elles sont vite chassées par quelques marraines bavardes, cigales attardées, ivres de résine, et infatigablement ennuyeuses.


Les Nuits musicales de la Sainte-Victoire



Christian Dalzon

 

 

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