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Sage miracle

Paris
Théâtre des Champs Elysées
04/14/1999 -  et 15, 16, 17 avril 1999
Claudio Monteverdi : Orfeo
Simon Keenlyside (Orfeo), Patrizia Biccirré (Euridice, Echo), Graciela Oddone (Musique, Messagère), Palle Knudsen (Apollon), Marisa Martins (Proserpine, Nymphe), Tomas Tomasson (Pluton), Paul Gérimon (Charon), Christophe Laporte (Espérance, Berger, Esprit)
Trisha Brown (mise en scène et chorégraphie), Roland Aeschlimann, Gerd Meier (décors, costumes, lumières)
Concerto et Collegium Vocale, René Jacobs (direction)

Il est des spectacles qui font l'Histoire sans totalement gagner le coeur. A maints égards, cette production demeurera exemplaire par sa cohérence, sa splendeur formelle, ses réelles innovations de langage. Les noces du geste et de la voix célébrées par la chorégraphe Trisha Brown sont parmi les plus convaincantes qu'il ait été donné de voir, avec un naturel dans les mouvements de groupe (organisation judicieuse du travail des choristes toujours suivis de leur maître à danser), une implication virtuose des chanteurs dans le geste absolument remarquables. Expression dansée et chantée entrent pourtant en conflit à quelques moments clés, comme la première intervention de la Messagère, d'un dramatisme trop superficiel. C'est aussi que Graciela Oddone, qui chante également le monologue de la Musique, reste terne dans la diction et le timbre (le corps, sans doute, a monopolisé son attention), autant que René Jacobs, après un très beau prologue "en stéréo" (les cuivres dans la salle), s'avère monotone dans les deux premiers actes. L'acoustique du Théâtre des Champs Elysées n'est évidemment pas de celles où s'épanouissent au mieux les articulations acérées mais sourdes du Concerto et du Collegium Vocale, mais tempo et dynamique gagnent en variété lors des actes infernaux, sans compter le supplément en couleurs apporté par un instrumentarium que Jacobs se décide alors à étoffer. Quelques hésitations de mises en place exceptées, la prestation du choeur, de l'orchestre et de ses excellents continuistes mérite tous les éloges.

Simon Keenlyside est dans cette production l'Orphée idéal. Beauté et présence physiques comme absorbées dans la contemplation maladive de soi, élégance et netteté du geste, il témoigne d'une grande probité vocale, sans disposer de la longueur de souffle et de la facilité dans l'aigu (d'où une intonation parfois approximative) qui le rendraient tout à fait mémorables. Ainsi s'efface-t-il derrière les images magiques dues à Brown et Aeschlimann (le vol de la Musique dans le Prologue, la descente aux Enfers, Pluton et Proserpine sur leur trône, l'apparition d'Apollon) qui figurent parmi les plus extraordinaires, les plus parfaites écloses sur une scène lyrique depuis de nombreuses années.



Vincent Agrech

 

 

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