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La tradition a parfois du bon

Zurich
Opernhaus
06/06/2009 -  et 9, 11, 14, 17, 19, 21, 26 juin, 3, 8 juillet 2009
Pietro Mascagni: Cavalleria rusticana
Ruggero Leoncavallo: Pagliacci

Cavalleria Rusticana: Paoletta Marrocu (Santuzza), Cornelia Kallisch*/Irène Friedli (Mama Lucia), Liliana Nikiteanu*/Katharine Peetz (Lola), José Cura (Turiddu), Cheyne Davidson (Alfio)
Pagliacci: Fiorenza Cedolins (Nedda), José Cura (Canio), Carlo Guelfi (Tonio), Martyn Zysset*/Boguslaw Bidzinski/Boiko Zvetanov (Peppe), Gabriel Bermudez (Silvio)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Jürg Hämmerli (direction), Orchestre de l’Opernhaus, Stefano Ranzani (direction musicale)
Grischa Asagaroff (mise en scène), Luigi Perego (décors et costumes), Hans-Rudolf Kunz (lumières), Tetsu Taoshita (chorégraphie)


F. Cedolins & J. Cura (© Suzanne Schwiertz)


Oui, il est encore possible (heureusement d’ailleurs!) d’aller à l’opéra pour suivre une histoire racontée le plus simplement du monde par un metteur en scène s’attachant à respecter fidèlement les indications du compositeur, sans prise de tête, sans chercher midi à quatorze heures, sans transposition radicale dans un bunker antiatomique ou un fast-food, pour ne citer que ces exemples. La preuve en est donnée par l'Opernhaus de Zurich, qui a confié à Grischa Asagaroff le soin de présenter une nouvelle production des deux brefs opéras véristes Cavalleria Rusticana et Pagliacci. Le metteur en scène – un habitué de l’Opernhaus – a pour signature des spectacles traditionnels, pour ne pas dire conventionnels, sans surprises, mais qui ont le mérite d’être efficaces et professionnels et de pouvoir rester longtemps à l’affiche dans des distributions différentes, une nécessité dans un théâtre de répertoire comme Zurich. Pour les deux ouvrages, le lieu de l'action est quasiment identique, à quelques détails près: une place de village bordée de maisons et d’une église. Pendant les premières notes de Cavalleria, Santuzza pénètre brusquement sur le plateau, en état de profond désarroi, pour découvrir Turiddu et Lola enlacés sur un balcon. En quelques images, tout est dit, il n’y a plus rien à ajouter. Idem pour Pagliacci, où les ingrédients de l’intrigue sont clairement ordonnés dès le départ, avec l’arrivée de la troupe de comédiens et les regards tendres échangés entre Nedda et Silvio pendant la parade.


Bien plus que pour la mise en scène cependant, cette nouvelle double production vaut surtout pour la présence de José Cura dans les deux ouvrages au cours de la même soirée, un exploit. Si sa prestation ne convainc qu’à moitié dans Cavalleria, en raison de sa voix lourde et sombre qui ne sied guère à la retenue de Turridu (car ici le héros ce n’est pas lui, tout est le fait de Santuzza), son charisme scénique et la force de son interprétation peuvent en revanche donner leur pleine mesure dans les habits de Canio, dans un crescendo dramatique impressionnant. On le sait, le ténor argentin est une véritable bête de scène, qui fait oublier une ligne de chant pas toujours des plus raffinées. Quoi qu’il en soit, son Vesti la giubba est confondant d’intensité, et restera dans les mémoires au même titre que ses dernières paroles, qui mettent un terme à l'opéra (la commedia è finita), lancées non pas comme un cri, comme on l’entend souvent, mais comme une plainte lancinante, à demi-voix, qui fait froid dans le dos.


Même s’ils sont loin de démériter, les autres protagonistes pâlissent quelque peu de la comparaison avec José Cura. Ainsi, Paoletta Maroccu en Santuzza sait masquer quelques stridences dans l’aigu par son timbre à la projection insolente et sa force expressive dans l’incarnation d’une femme désespérée, prête à tout pour reconquérir l’homme qu’elle aime. Un lustre qu’on ne retrouve pas chez Fiorenza Cedolins en Nedda, mais qui est compensé par un haut degré de raffinement tant dans le chant que dans l’interprétation scénique. Carlo Guelfi obtient quant à lui un joli succès dans le Prologue. Pour homogène qu’il soit, le reste de la distribution est d’un niveau inférieur. Musicalement, on ne peut passer sous silence les fréquents décalages entre le chœur et l’orchestre, signe d’une préparation insuffisante. Dans la fosse, Stefano Ranzani a le mérite de se soucier des détails, mais au détriment de la tension dramatique. Fort heureusement cependant, – on l’a dit – le ténor a de l’énergie à revendre!



Claudio Poloni

 

 

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