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Un mélodiste à redécouvrir

Paris
Temple de l’Etoile
05/27/2009 -  
Hector Berlioz : La Captive, opus 12, H. 60c
Pierre de Bréville : Poème dramatique
Jacques de la Presle : Impressions – Chant triste – Pièce de concert – La Flûte de Jade – Ballade – Il passa… – La Lettre
Armande de Polignac : Le Héron blanc (extrait de «La Flûte de Jade»)
Pierre Thilloy : Lettre à Roxane
Théodore de Lajarte : Air «Prenez mon cœur il est à vous» extrait du «Roi de carreau»
Antony Choudens : A une étoile

L’Oiseleur des Longchamps (baryton), Nadine Deleury (violoncelle), Mary C. Siciliano (piano)


Jacques de la Presle (© Walery)



Disparu le 6 mai 1969, voici tout juste quarante ans, Jacques (de Sauville) de la Presle méritait bien un hommage, au travers de six programmes donnés depuis le 14 mai à Rome, Péronne, Arras et Tours: dernière étape au Temple de l’Etoile, avec ce «concert anniversaire» présenté par sa petite-fille, Alix Evesque, et couronné par un beau succès public, que ne rencontrent pas, tant s’en faut, toutes les manifestations à entrée libre. Né en 1888, le compositeur précède de peu le Groupe des Six, mais n’en adopte pas le tempérament novateur et iconoclaste, préférant cultiver l’héritage des grands maîtres. Premier Grand Prix de Rome en 1921 après deux tentatives infructueuses (1914, 1920) et une Grande Guerre où l’exposition aux gaz lui vaut sept mois d’hospitalisation, il s’est illustré par son activité pédagogique, enseignant l’harmonie au Conservatoire de Paris (1937-1958), où il a notamment eu pour élèves Maurice Jarre, Antoine Duhamel et le prodige canadien André Mathieu.


Voix, violoncelle et piano – la soirée ne pouvait que commencer avec un autre vainqueur du Prix de Rome: malheureusement, La Captive (1832) de Berlioz permet surtout de prendre la mesure de conditions acoustiques peu favorables, la forte réverbération nuisant tant à la compréhension des textes, malgré les efforts du baryton L’Oiseleur des Longchamps, qu’à la clarté du son. Malgré son titre, le Poème dramatique (1925) de Pierre (Onfroy) de Bréville (1861-1949) n’est pas chanté: une page de près d’un quart d’heure, flux quasi ininterrompu où le violoncelle sombre et lyrique est accompagné par les figures houleuses et inquiètes du piano.


Jacques de la Presle a laissé près d’une centaine de mélodies, la plupart isolées, le triptyque Impressions (1920) faisant donc figure d’exception: les vers du poète Georges Battanchon (1879-1914), mort au front, inspirent une musique mélancolique, et même noire, s’inscrivant en même temps dans la grande tradition de la mélodie française, plus particulièrement de Fauré, qu’évoque aussi, après l’entracte, un Chant triste (1912) pour violoncelle et piano. De veine plus franckiste et de caractère plus lumineux, la Pièce de concert (1932) met à parité le violoncelle de Nadine Deleury et le piano de Mary Siciliano.


Comme Mahler à la même époque pour son Chant de la terre, certains compositeurs français ont puisé parmi les adaptations de poètes chinois. Ainsi, d’Armande de Polignac (1876-1962), comtesse de Chabannes La Palice, nièce du prince Edmond, «Le Héron blanc», elliptique et hypnotique, donne envie d’entendre les sept autres pièces du cycle dont il est extrait. Ce cycle s’intitule La Flûte de Jade, comme une mélodie composée en 1922 par Jacques de la Presle, où se fait jour une influence impressionniste. Créée elle aussi le 14 mai dernier à la Villa Médicis, la délicate Ballade (1926) est écrite sur un texte d’un autre pensionnaire romain, le peintre René-Marie Castaing (1896-1943). En première exécution mondiale, la brève mélodie Il passa... (1946) frappe par ses harmonies plus recherchées. Sur un poème d’Henri Barbusse, Jacques de la Presle confirme dans La Lettre (1940), d’une finesse toute ravélienne, ses grandes qualités de mélodiste. Puis avec la Lettre à Roxane de Pierre Thilloy (né en 1970), composée à la demande de Nadine Deleury, ce sont quatre minutes qui ne déparent nullement parmi ces musiques de la première moitié du siècle passé.


Les trois interprètes sont ensuite à nouveau associés pour deux raretés. Son arrière-arrière-petite-fille fournit d’abord quelques éléments biographiques sur Théodore (Dufaure) de Lajarte (1823-1890), bibliothécaire de l’Opéra de Paris qui contribua notamment à éditer les œuvres de Lully, mais aussi auteur de bon nombre d’ouvrages lyriques. Il exerça son art dans le meilleur esprit du répertoire léger français, si l’on en juge par un extrait de son opéra comique Le Roi de carreau (1883), sur un livret de Leterrier et Vanloo, qui avaient signé quelques années plus tôt L’Etoile de Chabrier. Car il ne fait pas de doute que cet air du comte Agénor de la Cerisaie «Prenez mon cœur il est à vous» était l’un de ces «agréables morceaux» que le New York Times avait trouvé dans une partition qu’il jugeait par ailleurs «fade» et «trop sobre pour une opérette». Autre rareté: une romance un peu datée d’Antony Choudens (1849-1902), A une étoile, sur un poème de Musset qui fut également mis en musique par Reynaldo Hahn.


La soirée se conclut sur deux bis: Dédette (1913), une miniature familiale de Jacques de la Presle, puis la Habanera de Carmen (1875), non sans rapport avec ce qui avait précédé, puisqu’Antony Choudens n’était autre que le fils de l’éditeur de Bizet.


Jacques de la Presle sur le site Musica et Memoria
Le site de Pierre Thilloy



Simon Corley

 

 

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