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Badinage dans un jardin à la française Paris
Opéra Bastille
04/03/1999 - et 6, 7, 9, 10, 13 avril 1999
Angelin Preljocaj : Le Parc
Musiques : Wolfgang Amadeus Mozart, Goran Vejvoda
Ballet de l'Opéra national de Paris
Orchestre de l'Opéra national de Paris, Stéphane Denève (direction)
Angelin Preljocaj s'est-il adapté au classicisme de son commanditaire, l'Opéra de Paris ? C'est ce que le début du premier acte du Parc laisse à penser : moins de rythme, moins de clarté dans des mouvements qui arrondissent les angles, auraient presque fini par donner un aspect légèrement brouillon à une danse habituellement limpide. Mais la crainte est vite estompée. Il suffisait de se laisser porter par l'atmosphère d'un dix-huitième siècle habilement restituée. Les danseurs de l'Opéra ne sont pas étrangers à cette impression d'ensemble : leur formation classique affleure dans la préciosité des mains, souples et gracieuses. Puis c'est l'électrochoc des créations sonores de Goran Vejvoda : Angelin Preljocaj se libère et offre pleinement son style inimitable. Les Jardiniers, artisans de l'amour, se carrent, tout à l'aise dans une gestuelle cassée et géométrique à souhait - le public semble apprécier ; les applaudissements sourdent avant la sortie de scène. Enfin, brillante démonstration nous est faite que le coeur ne se résume finalement qu'à une machine à sentiments. Les couples de danseurs évoluent en simultané ; mêmes gestes , mêmes attitudes : chaque amour se ressemble. Ce badinage dans un jardin à la française n'est plus qu'un prétexte, il sert d'écrin au couple Guérin-Hilaire, qui danse un prodigieux pas de deux, dans la spirale d'un baiser qui nous fait perdre les sens. Et le dernier geste des Jardiniers, mains vers le ciel, en dit long : nos pauvres coeurs d'Hommes n'en peuvent rien...
Anne Laure Carrega
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