About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Nationalisme et tradition germanique

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/13/2009 -  
Frédéric Chopin : Mazurkas, opus 59
Johann Sebastian Bach : Partita n° 6, BWV 830
Leos Janácek : Dans les brumes
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 31, opus 110

Piotr Anderszewski (piano)


Piotr Anderszewski (© Sheila Rock)



Dans le cadre de la série «Piano aux Champs-Elysées» de Jeanine Roze, Piotr Anderszewski, qui a fêté ses quarante ans le 4 avril dernier, fait salle comble avec un programme exigeant, dont la seconde partie reprend celle d’un récital donné à Carnegie Hall en décembre 2008 et publié tout récemment par Virgin. Pour la première partie, comme à New York, Schumann et Bach étaient annoncés, mais le pianiste polonais a finalement choisi de remplacer son propre arrangement de trois des six Etudes en forme de canon pour piano à pédalier de Schumann par les trois Mazurkas de l’Opus 59 (1845) de Chopin. Un début difficile et décousu, pour ne pas dire décevant, où l’on peine à suivre le propos, noyé sous la pédale, plutôt allant mais s’attardant subitement sur des détails, entre rudesse et refus de l’expression, confidence et brutalité.


La Sixième partita témoigne d’une génération décomplexée dans son approche de Bach au piano, tant à l’égard des clavecinistes que des pianistes qui persistaient à aborder ce répertoire, à commencer par Gould. Enlevée avec fougue, la Toccata initiale en paraîtrait même plus romantique que le Chopin qui précédait, de même que la Gigue conclusive, dont le ton altier et conflictuel prend ici un caractère beethovénien. La grande Sarabande réserve elle aussi de beaux moments, mais globalement, l’ensemble souffre d’une sonorité mate, d’une forme digitale moyenne et d’une conception semblant se contenter d’alterner le fantasque et l’arbitraire.


La seconde partie fait également se succéder le «nationalisme» d’Europe centrale et la grande tradition germanique. L’exaspération des contrastes et l’excès de théâtralisation font basculer le recueil intimiste Dans les brumes (1912) de Janácek dans l’errance et parfois même dans l’hystérie. La Trente-et-unième sonate (1821) de Beethoven offre également un parcours narratif et dramatique, dès le Moderato cantabile initial, aimable, presque mozartien, comme un rêve interrompu sans ménagement par le martèlement de l’Allegro molto. De même, le dernier mouvement fait l’objet d’une mise en scène très travaillée, entre distanciation et coups d’éclat: spectaculaire progression des dix accords précédant la seconde fugue, qui émerge très progressivement, comme... dans les brumes, avant de se précipiter inopinément dans la frénésie.


Le public ne reste pas insensible à cette brillante péroraison et obtient deux bis: les rares Trois chants populaires hongrois du Comté de Csík (1907) de Bartók et la Sarabande de la Deuxième partita de Bach.


Le site de Piotr Anderszewski



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com