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Paris
Opéra Bastille
04/19/2009 -  et 21, 24*, 27, 30 avril, 3, 6, 9, 13, 17, 21, 23 mai
Giuseppe Verdi : Un ballo in maschera
Ramon Vargas*/Evan Bowers (Riccardo), Ludovic Tézier (Renato), Deborah Voigt/Angela Brown* (Amelia), Elena Manistina (Ulrica), Anna Christy (Oscar), Etienne Dupuis (Silvano), Mischa Schelomianski (Sam), Scott Wilde (Tom), Pascal Meslé (le Juge), Nicolas Marie (le Serviteur d’Amelia)
Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris, Renato Palumbo (direction)
Gilbert Deflo (mise en scène)


(© Agathe Poupeney/Opéra national de Paris)


Ce Bal masqué, lorsqu’il fut présenté il y a deux ans (voir ici), donna l’impression d’un beau ratage au moment de la première, à cause des deux protagonistes et de la mise en scène. Celle-ci ne fait pas davantage impression aujourd’hui, faute surtout d’une direction d’acteurs digne de ce nom. Mais comme l’on sait à quoi s’attendre, on est moins agacé. L’idée première pouvait d’ailleurs séduire : la transposition dans une Amérique plus ou moins apparentée à celle de la guerre de Sécession, avec une cérémonie vaudou chez Ulrica, constituait la matrice d’une lecture politique de la partition que l’on attend en vain. L’opposition des couleurs, à commencer par celle du noir et du blanc, apparaît plus sommaire qu’authentiquement symbolique, même si le dernier tableau, où les danses des Pierrots et Colombines semblent rythmer une cérémonie funèbre, reste toujours aussi joli à voir. Le metteur en scène s’en tient finalement à une banale histoire d’adultère, dont il ne tire rien.


Musicalement, les choses se sont plutôt améliorées. Remplaçant Deborah Voigt avec laquelle elle alterne, Angela Brown, qui chantait si faux il y a deux ans, maîtrise mieux son vibrato et sa justesse. Si le chant reste assez brut, les registres pas toujours bien soudés, la chanteuse ne manque pas de tempérament et arrive à nous émouvoir, notamment dans « Morro, ma prima in grazia ». Ramon Vargas atteint sans doute ses limites en Riccardo, qu’il tire habilement vers un Verdi plus jeune, où l’on attend des voix moins spinto. Mais le phrasé, le legato sont parfaits, aucune scorie ne vient entacher la pureté de la ligne, pas même dans « Di’ tu se fedele », dont les chromatismes peuvent la bousculer, ni dans « E scherzo od è follia », où il sait rire sans cesser de chanter. Tout le contraire d’un Villazón, que son engagement – Vargas, surtout quand on ne le dirige pas, est plutôt gauche en scène – conduit à de fâcheuses dérives vocales. Elena Manistina a elle aussi revu et corrigé son Ulrica, plus homogène de tessiture, plus économe de vibrato, moins vieille sorcière que messagère de l’abîme. Remplaçant Franck Ferrari initialement prévu, Ludovic Tézier, un peu plus à l’aise scéniquement, s’impose toujours comme un grand Renato, digne de succéder à Ernest Blanc – celui-ci a notamment chanté le rôle au Palais Garnier en 1965, rival du Riccardo de Jon Vickers qui faisait alors ses débuts à Paris – par l’élégance racée de la ligne et le refus de tout effet : même au plus fort de sa colère et de sa douleur, le personnage garde sa dignité. La voix, de plus, s’est un peu assombrie, le timbre est devenu plus mordant, ce qui ne l’empêche nullement de respecter les nuances de « Eri tu », si souvent chanté uniformément forte. Avec une Anna Christy charmante en Oscar, dont les notes piquées ne sentent pas l’opérette, on a donc un bon ensemble.


Il manque seulement une direction plus fine et plus inspirée. Renato Palumbo, qui n’évite pas toute sorte de décalages au début, s’en tient à une routine laborieuse, sans se soucier toujours de l’équilibre entre la fosse et la scène. Le trio de la vengeance, au troisième acte, frise même le pompier avec un « Dunque l’onta » beaucoup trop lourd. Ce Verdi brossé à gros traits n’est pas celui du Bal masqué.


Didier van Moere

 

 

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