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Générations foudroyées

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
04/18/2009 -  
André Caplet: Légende pour saxophone, hautbois, clarinette, basson et quintette à cordes (#)
Guillaume Lekeu: Sonate pour piano et violon en sol majeur (*)
Ernest Chausson: Concert pour piano, violon et quatuor à cordes, opus 21 (+)

Jérôme Benhaïm (#), Renaud Capuçon (* +), Charlotte Juillard (#) (violon), Baptiste Vay (#) (alto), Joëlle Martinez (#) (violoncelle), Yann Dubost (#) (contrebasse), Jérôme Ducros (* +) (piano), Guillaume Deshayes (#) (hautbois), François Lemoine (#) (clarinette), Richard Ducros (#) (saxophone), Frank Sihold (#) (basson), Quatuor Ardeo (+): Olivia Hughes, Carole Petitdemange (violon), Caroline Donin (alto), Joëlle Martinez (violoncelle)


Renaud Capuçon (© Mat Hennek/Virgin Classics)


Le quatrième concert du treizième Festival de Pâques de Deauville était assurément sur le papier le plus intéressant de la série puisque le programme était consacré à de la musique française de la fin du dix-neuvième et du début du vingtième siècle du meilleur niveau avec des maîtres morts prématurément, à la production réduite mais dense, et qu’il ne faut à aucun prix oublier : Guillaume Lekeu mort à vingt-quatre ans en 1894 d’une fièvre typhoïde, Ernest Chausson mort à quarante-quatre ans en 1899 d’un accident de bicyclette, tous deux élèves de César Franck, et André Caplet, très affecté par les gaz de la Grande guerre, mort à quarante-sept ans en 1925.


La première pièce interprétée était ainsi la Légende (1904) du Normand, d’en face, du Havre, André Caplet. Moins connue que son Conte fantastique, elle privilégie de même façon un instrument en l’utilisant de manière originale, en l’espèce le saxophone. Les artistes d’horizons variés et d’égal talent surent parfaitement en montrer tout le mystère, debussyste, l’équilibre délicat des couleurs comme la subtilité des jeux de timbres, notamment des fondus enchaînés entre le saxophone et le basson.


La Sonate de Lekeu, créée par son dédicataire Eugène Ysaÿe en 1893, enflammée comme celle de son autre compatriote belge César Franck, fut ensuite offerte par deux des plus brillants interprètes de la première génération du Festival de Deauville: Renaud Capuçon et Jérôme Ducros. Si le violon parut naturellement fort au dessus de ce qui avait pu être entendu cette année au festival, un legato impressionnant et un charme indéniable s’en dégageant notamment dans le mouvement lent central, le jeu, pour impeccable qu’il fût, parut quelque peu extérieur, d’une joliesse un peu factice. Mais le piano trop sourd au début fit preuve d’un beau lyrisme ensuite et d’une virtuosité complice dans le dernier mouvement qui ne pouvait finalement qu’emporter l’adhésion.


Le Concert de Chausson, déjà présenté à Deauville en 2006 avec le même Jérôme Ducros au piano, dédicacé à Eugène Ysaÿe comme la Sonate de Lekeu et créé à Bruxelles en 1892, achevait le concert. Il permettait de retrouver avec plaisir le Quatuor Ardeo (voir ici). Là encore la magie du festival joua pleinement: les « anciens » rassurèrent les nouveaux et en élevèrent le souffle dans ces pages enfiévrées, à l’intensité franckiste mais pouvant évoquer dans le troisième mouvement celle de La Nuit transfigurée comme la délicatesse fauréenne. Si le dernier mouvement fut lumineux et parfaitement maîtrisé, ce n’est pourtant pas celui qui fut repris en bis mais le superbe troisième, lent et perlé d’arpèges somptueux du piano. On saura particulièrement gré à Renaud Capuçon et Jérôme Ducros, souverains de bout en bout, artistes consacrés, fondateurs du festival, d’avoir donné de si belle manière la main à de jeunes interprètes et de ne pas avoir oublié leurs débuts deauvillais.



Stéphane Guy

 

 

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