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Superbe Tannhäuser

Madrid
Teatro Real
03/13/2009 -  et 15, 17, 19, 21, 23, 25, 27, 29* Mars, 2 Avril
Richard Wagner: Tannhäuser
Peter Seiffert (Tannhäuser), Petra Maria Schnitzer (Elisabeth), Lioba Braun (Venus), Christian Gerhaher (Wolfram von Eschenbach), Günther Groissböck (Landgrave Hermann), Stephan Rügamer (Walther von der Vogelweide), Felipe Bou (Biterolf), Joan Cabero (Heinrich der Schreiber), Johann Tilli (Reinmar von Zweter)
Orchestre et Chœurs du Teatro Real, Peter Burian (chef du chœur), Jesús López Cobos (direction musicale)
Ian Judge (mise en scène), Gottfried Pilz (décors et costumes), Mark Doubleday (lumières)


(© Javier del Real)


Les madrilènes ont de la chance: le Teatro Real vient de leur offrir un des meilleurs Tannhäuser possibles (version Paris-Dresde); grâce aux voix, à la direction musicale, à l’orchestre, et aussi à la mise en scène, avec cependant une légère réserve, comme on le verra plus bas. La voix de ténor de Peter Seiffert passe du lyrisme à l’héroïsme avec une trompeuse apparence de facilité. L'expérience de ce chanteur est vaste dans le répertoire wagnérien (Erik, Lohengrin, Walther, Tristan, Parsifal), et la voix est idéale pour ce rôle à double entité du héros déchiré entre le « péché » du Venusberg et l’hypocrisie des philistins du Wartburg. Face à Seiffert, une soprano du même calibre artistique, Petra Maria Schnitzer, Élisabeth d’un lyrisme intense et parfois bouleversant. Quant au baryton Christian Gerhaher, il campe un Wolfram imbattable. Et pourtant il était "souffrant". Que sera-ce lorsqu'il sera guéri? Lioba Braun, en Venus, supporte la comparaison sans problème, malgré la maladresse scénique du Venusberg qui ne lui est toutefois pas imputable. Le reste de la distribution est d’un niveau très digne (Groissböck, Rügamer, Cabero, Bou, Tilli). Le chœur, dans une situation problématique (pratiquement en grève), se tire avec brio de sa triple intervention: le chœur des pèlerins, le chœur « mystique » en coulisses, et le chœur dédaigneux du Wartburg. Protagoniste de choix, Jesús López Cobos, à la tête de l'orchestre, a su trouver les nuances, et suggérer les moments le plus lyriques, voire les plus proches de l’ « héroïsme ». En dirigeant toujours mieux, López Cobos tourne en ridicule la décision absurde de mettre un terme à son contrat avec le Teatro Real. Décision irréfléchie d’une équipe arrogante.



La mise en scène, enfin, ne manquait pas d'attraits. Vaguement située au XIXe siècle, elle offre un jeu de couleurs très suggestif : le rouge des « vicieux », le blanc des philistins déguisés en agneaux, le noir de la banale fête au Wartburg, le vert de l’espoir manqué par la damnation d’un pape qu’on croirait impie. Bravo pour les décors et les costumes de Gottfried Pilz, bravo aussi pour la mise en scène, et les mouvements, parfois quasi "dansés" d'Ian Judge. Spectacle d’une beauté incontestable, sauf, hélas, pour la Bacchanale.


Il existe un mot espagnol intraduisible : hortera. Cela signifie : "de mauvais goût", avec une connotation de naïveté et de rustrerie. C'est le mot qui convient le mieux à cette parade de beaux corps, à ces agiles contorsionnistes évoluant dans une maison close décorée de rouge : le Venusberg est hortera. Mais au fond, que peut-on faire d'une telle scène (ou celle des danseuses perses de Khovantchina), si l'on ne réunit pas des talents comme ceux de Wieland Wagner et de Maurice Béjart (1961)? Sans doute faut-il accepter cette sensibilité hortera dans la conception wagnérienne du Venusberg, ou parmi ses « inspirateurs » parisiens. Que les wagnériens me pardonnent cette irrévérence.



Cela n'entache pas pour autant un spectacle digne des meilleurs théâtres lyriques du monde.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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